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Un employé séropositif de cette librairie subit depuis plusieurs semaines les foudres de sa propriétaire, Colette Kerber, qui voudrait faire de son infection au VIH un motif d’inaptitude au travail. Après plusieurs formes de brimades patronales (rétrogradation, diminution du salaire, difficultés administratives diverses), c’est par le biais de la médecine du travail qu’elle a cherché à régler définitivement le compte de ce salarié jugé «contagieux» et donc dangereux pour la bonne marche de son commerce. Il a finalement été licencié pour faute le 21 avril.

Que craint cette patronne ? Deux hypothèses non contradictoires sont envisageables.
– La première : elle «s’inquiète» de ces arrêts-maladies trop fréquents. C’est d’ailleurs à la suite d’une telle interruption de travail que les brimades ont débuté. S’il est certain que l’infection au vih est une pathologie grave, nécessitant un suivi constant et des traitements puissants dont les effets secondaires sont lourds, il est non moins certain  que c’est la pire des raisons pour renvoyer un salarié vers la précarité.
– La seconde hypothèse est plus odieuse encore et elle transparaît dans les mots de Colette Kreber maintes fois répétés en présence de l’intéressé mais aussi de ses collègues et des clients de la librairie. Colette Kerber estime que son employé est «atteint d’une maladie grave contagieuse malgré l’absence de symptômes». Plus de 20 ans de pandémie, de recherche et de pédagogieŠ pour en arriver là. Comment peut-on croire et faire croire que le sida pourrait se transmettre par le voie d’un paquet cadeau ou d’un ticket de caisse ?

Mais ce qui est en fait particulièrement troublant dans cette affaire c’est la collusion manifeste entre la médecine du travail et l’employeur. Interpellé par ce dernier, le médecin a d’abord exigé d’obtenir le «dossier complet» pour lui délivrer un certificat d’aptitude (ce qui est bien évidemment interdit) avant de reprendre à son compte l’argument sur les risques de « contagion » par rapport aux autres employés.

Les séropositifs et les séropositives, lorsque leur santé les autorise à travailler, sont parfois confrontés à de nombreuses formes de discriminations que rien ne peut justifier. Quand ces difficultés sont appuyés par des représentants de l’ordre médical contre toute éthique, l’injustice est doublement inacceptable.

Act Up-Paris et la CGT Commerces et Services s’allient pour exiger que cessent les discriminations à l’encontre des séropositifs et des séropositives dans le monde professionnel comme partout ailleurs.