Prévention

En France, le nombre total de personnes ayant découvert leur séropositivité au VIH a été estimé entre 4 233 (estimation « basse ») et 5 738 (estimation « haute ») pour 2022, dont 54% sont des hétérosexuelLEs (38% néEs à l’étranger et 16% néEs en France) et 41% sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (27% nés en France et 14% nés à l’étranger). L’âge médian est de 37 ans : 14% étaient âgées de moins de 25 ans, 64% de 25 à 49 ans et 22% de 50 ans et plus. La proportion des plus de 50 ans, qui s’était stabilisée autour de 20% entre 2014 et 2017, a eu tendance à augmenter depuis.

Toujours en France, environ 25 000 personnes ignorent leur séropositivité, sur 180 000 séropositifVEs. Le dépistage est tardif (3 ans en moyenne après la contamination chez les HSH, 5 ans dans l’ensemble). Cela a deux conséquences :

  • Être dépisté tardivement, c’est être traité moins tôt et avoir de moins grandes chances de succès thérapeutique,
  • Alors que les traitements permettent de ne plus être contaminantE (TasP) pour une personne séropositive en succès thérapeutique, les personnes qui ignorent leur statut sérologique sont susceptibles de transmettre le VIH. Ce sont ces personnes qui ignorent leur séropositivité qui engendrent des contaminations chaque année.

Le système de dépistage en centre de dépistage et le dépistage associatif ont été fortement impacté par la crise sanitaire liée au Covid-19. Il y a besoin de moyens or la mise en place et le développement des CeGIDD (Centres Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostique) se fait à moyens constants pour le moment. Nous attendons des pouvoirs publics de vrais financements et une vraie politique de prévention, notamment des campagnes de prévention à destination des jeunes. Nous sommes convaincues que les contaminations restent à un niveau élevé en raison de l’insuffisance du dépistage, de l’information et de l’accompagnement.

La prévention auprès des plus jeunes est notoirement insuffisante et les conséquences sont alarmantes : 40 % des infections sexuellement transmissibles (IST) sont enregistrées chez les 15-24 ans [Avis suivi de recommandations sur la prévention et la prise en charge des IST chez les adolescents et les jeunes adultes, CNS, 2017]. Au collège et au lycée, les quelques heures accordées au sujet ne suffisent pas et ne remplissent pas l’obligation légale d’au moins trois séances d’éducation à la sexualité de deux heures par an. Surtout, cette prévention ne tient pas compte de la diversité des sexualités et des identités de genre. Les contaminations par le VIH ont triplé chez les jeunes gays en l’espace de 10 ans, signe que les jeunes ne se sentent pas concernés par un virus ayant touché les ainéEs de la communauté et qui fait partie du passé à leurs yeux [Découvertes de séropositivité VIH chez les jeunes en France 2003-2013, InVS, 2015]. Pourtant, on ne guérit toujours pas du sida. Les connaissances sur le virus sont en recul chez tous les jeunes.

Commission prévention

La commission développe plusieurs axes d’actions :

>> Une action de plaidoyer en faveur d’une plus grande accessibilité et d’une meilleure connaissance des moyens de préventions pour touTEs :

  • Préservatifs interne et externe, et digue dentaire,
  • Traitement Post-Exposition (TPE),
  • Dépistage : en laboratoire, en CeGIDD, en centre de santé sexuelle d’approche communautaire (CSSAC), par un test rapide d’orientation diagnostique (TROD), avec un autotest,
  • Prophylaxie pré-exposition (PrEP),
  • Treatment as Prevention (« Traitement comme Prévention » en français) : une personne sous traitement, observante, avec une charge virale indétectable, sans IST, n’est plus contaminante.

>> Une action de plaidoyer en faveur d’une meilleure surveillance épidémiologique du VIH et des IST en France : depuis plusieurs années déjà, nous faisons état d’une dégradation de la qualité des données de surveillance épidémiologique. Cette dégradation ne nous permet pas d’analyser finement l’évolution des épidémies. En lien avec le TRT-5 CHV, un plaidoyer interassociatif s’est mis en place [Recommandations pour l’amélioration des données de surveillance et de recherche en matière de VIH d’hépatites virales et d’IST, TRT-5 CHV, 2023].

>> Une action de prévention via le dispositif REACT’UP : un site internet (www.reactup.fr) et un bulletin papier trimestriel distribué dans les lieux festifs gays de France, les centres LGBTQI+ ainsi que dans divers lieux communautaires. Il n’y a pas de doute quant au constat que de nombreuses idées fausses ou préconçues circulent dans la communauté LGBTQI+ comme ailleurs au sujet de l’épidémie de VIH-Sida, de la transmission du virus et les manières de s’en protéger de nature à fausser la perception des risques et les comportements adoptés. Notre perception de ces phénomènes est basée sur un outil classique et bien maîtrisé à Act Up-Paris, celui de la veille, de la vulgarisation et de la collecte permanente d’information scientifique de première main susceptible de guider nos options et nos discours avec une certaine anticipation par rapport aux données d’observation épidémiologiques disponibles.

Notre expertise en matière de prévention résulte aussi de la connaissance du milieu LGBTQI+ que possèdent les militantEs et les personnes qui participent aux projets menés par Act Up-Paris. Les articles sont écrits par les militantEs de l’association pour que les séronégatifVEs restent séronégatifVEs : l’information communautaire à partir des données scientifiques en les rendant accessibles par des outils de communication.
Enfin, des actions de distribution de capotes et gel lubrifiant sont réalisées par les militantEs au local de l’association, dans les soirées et festivals.
En plus de ses réunions internes, les militantEs participent aussi à des conférences internationales et à différents groupes d’experts, ils et elles organisent des actions publiques, médiatiques et s’investissent dans divers groupes inter-associatifs. La commission prévention est aussi le maître d’œuvre du projet d’information sur la prévention d’Act Up-Paris.