Act Up-Paris se bat encore ! La parole de l’association aujourd’hui

Pourquoi nous militons aujourd’hui ?

Nous luttons parce que certaines barrières à la prévention et à la prise en charge des séropos et des maladEs du sida ne sont toujours pas levées, et parce que le visage de la vie avec le VIH, à l’ère des trithérapies, soulève de nouvelles questions. Cela concerne des aspects thérapeutiques, sociaux, de prévention, de lutte contre les LGBTphobies, et tout particulièrement à l’international.

Thérapeutique

Les traitements permettent de contrôler le virus et de vieillir avec, mais outre leurs effets secondaires, on ne connait pas tous les mécanismes qui font que des pathologies subsistent et que d’autres qui n’existaient pas se développent. A l’heure actuelle en France, 1200 à 1700 séropositifVEs décèdent chaque année. Leurs décès sont dus à des cancers dans 45% des cas et dans 10% des cas à des maladies cardiovasculaires et pulmonaires. 25% des décès ont lieu au stade sida. Par ailleurs, un tiers des personnes vivant avec le VIH sont coinfectées par l’hépatite B ou C.

Vie sociale

Les séropositifVEs doivent faire face encore en 2022 à des rejets (familiaux, amicaux, au travail…) et à des refus de soins des professionnels de santé. Le sérotriage (écarter unE possible amantE parce qu’ilELLE est séropositiVE) est très présent. 9 jeunes francilienNEs sur 10 déclarent ne pas vouloir coucher avec une personne séropositive. 1 séropositifVE sur 2 déclare avoir fait l’objet d’un rejet dans la sphère sexuelle. Discriminations et dévalorisations vont bon train.

Les personnes séropositives doivent faire également face à la précarité. 40% des séropositifVEs ne travaillent pas, 1 sur 4 dépend d’un minima social, 1 sur 5 rapporte des privations alimentaires. Le vieillissement des séropositifVEs (la moitié aura ou atteindra l’âge de la retraite d’ici 10 ans) soulève de nouvelles questions, puisque les carrières ont été interrompues par des problèmes de santé et donnent lieu à de faibles pensions de retraite et/ou au minimum vieillesse.

Prévention

En France, on dénombre encore environ 6500 contaminations par an, dont 45% de gays et de bis et 40% de personnes originaires d’Afrique Subsaharienne. Le nombre de contaminations est en augmentation chez les gays et les bis, en particulier chez les jeunes et chez les seniors.

Toujours en France, autour de 30 000 personnes ignorent leur séropositivité, sur 180 000 séropositifVEs. Le dépistage est tardif (3 ans en moyenne après la contamination chez les Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes – dits HSH, 5 ans dans l’ensemble).

Cela a deux conséquences :

  • Etre dépisté moins tôt c’est être traité moins tôt et avoir de moins grandes chances de succès thérapeutique,
  • Alors que les traitements permettent de ne plus être contaminantE par voie sexuelle (sous certaines conditions), les personnes qui ignorent leur statut sérologique sont susceptibles de transmettre le VIH par voie sexuelle.

Le système de dépistage en centre de dépistage ou le dépistage associatif sont saturés, il y a besoin de moyens, or la mise en place et le développement des Ceggid (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic) se fait à moyens constants pour le moment. Nous attendons des pouvoirs publics de vrais financements et une vraie politique de prévention. La prévention auprès des plus jeunes est notoirement insuffisante et les conséquences sont alarmantes : 40% des Infections Sexuellement Transmissibles sont enregistrées chez les 15-24 ans. Au collège et au lycée, les quelques heures accordées au sujet ne suffisent pas et ne remplissent pas l’obligation légale d’au moins trois séances d’éducation à la sexualité de deux heures par an. Surtout, cette prévention ne tient pas compte de la diversité des sexualités et des identités de genre. Les contaminations par le VIH ont triplé chez les jeunes gays en l’espace de 10 ans, signe que les jeunes ne se sentent pas concernés par un virus ayant touché les ainés de la communauté et qui est du passé à leur yeux. Pourtant, on ne guérit toujours pas du sida. Les connaissances sur le virus sont en recul chez tous les jeunes.

LGBTIphobies

L’homophobie, la transphobie, la lesbophobie et la biEphobie, font le jeu du sida, rendant les personnes discriminées plus fragiles et vulnérables face au VIH. Le débat du mariage pour tous a libéré la parole LGBTIphobe. Les agressions et discriminations ont augmenté. Pourtant, les politiques s’empressent d’instrumentaliser nos luttes en en faisant de la menue monnaie électorale, et de faire croire que ménager les susceptibilités des homophobes reste une manière acceptable d’avancer, sur la PMA par exemple.

A l’international

Données de l’ONUSIDA

STATISTIQUES MONDIALES SUR LE VIH

  • 28.2 millions de personnes avaient accès à la thérapie antirétrovirale au 30 juin 2021.
  • 37.7 millionsde personnes vivaient avec le VIH en 2020.
  • 1.5 million  de personnes sont devenues nouvellement infectées par le VIH en 2020.
  • 680 000 de personnes sont décédées de maladies liées au sida en 2020.
  • 79.3 millionsde personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l’épidémie.
  • 36.3 millions [de personnes sont décédées de suite de maladies liées au sida depuis le début de l’épidémie.

Personnes vivant avec le VIH

  • En 2020, 37.7 millions de personnes vivraient avec le VIH.
    • 36.0 millions d’adultes.
    • 1.7 million  d’enfants (0-14 ans).
    • 53 % de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH sont des femmes et des filles.
  • 84%de toutes les personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique en 2020.
  • Environ 6.1 millions de personnes ne savaient pas qu’elles vivaient avec le VIH en 2020.

La COVID-19 et le VIH

  • Les personnes vivant avec le VIH subissent des conséquences plus graves et présentent des comorbidités plus importantes à cause de la COVID-19 que les personnes ne vivant pas avec le VIH et, à la mi-2021, la plupart n’avaient pas accès aux vaccins COVID-19.
  • Les fermetures engendrées par la COVID-19 et d’autres restrictions ont perturbé le dépistage du VIH et, dans de nombreux pays, ont entraîné une chute brutale des diagnostics et des orientations vers des traitements contre le VIH.

90–90–90

  • En 2020, 84 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique.
  • Parmi les personnes qui connaissaient leur statut, 87 % avaient accès à un traitement.
  • Et parmi les personnes ayant accès au traitement, 90 % ont une charge virale indétectable.
  • Sur l’ensemble des personnes vivant avec le VIH, 84 % connaissaient leur statut, 73 % [56-88 %] avaient accès à un traitement et 66 % [53-79 %] avaient une charge virale indétectable en 2020.

Investissements

  • À la fin de 2020, 21,5 milliards de dollars US (en dollars américains constants de 2019) étaient disponibles pour la lutte contre le sida dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – environ 61 % du total des ressources provenaient de sources nationales.
  • L’ONUSIDA estime qu’il faudra 29 milliards de dollars (en dollars américains constants de 2019) pour la riposte au sida dans les pays à revenu faible et intermédiaire, y compris les pays autrefois considérés comme des pays à revenu élevé, en 2025, pour être en mesure de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique mondiale.

Source : Fiche d’information — Dernières statistiques sur l’état de l’épidémie de sida