Très présent dans la communauté gay/pédé, la pratique du chemsex désigne la recherche de plaisirs et de performances sexuelles associée à une consommation de substances psychoactives licites ou illicites, en particulier ceux de la famille des cathinones (Méphédrone, 4-MEC, 4-MMC, 3-MMC, MDPV, 3-CMC, NRG2…), des stimulants et autres drogues de synthèse (cocaïne, MDMA, GHB/GBL, tina…). Les modes d’administration sont divers : par voie nasale (sniff), par voie anale (booty bump), par inhalation, par ingestion ou par injection intraveineuse (slam). Le chemsex se pratique la plupart du temps dans des lieux privés, en milieu festif, à deux ou à plusieurs et les risques de contamination au VIH et au VHC sont très élevés.
Ce que tu dois savoir pour éviter la spirale infernale
- La prise répétée et sur de longues périodes (supérieure à 12h) implique une maîtrise de ta consommation et des produits pris à côtes ou en support.
- Connaître les produits, leurs dosages et leurs interactions avec des traitements, avant toute consommation car chaque substance a ses propriétés propres.
- Connaître le cadre légal liés à l’usage de stupéfiants et s’informer sur les accompagnements possibles (voir plus bas).
- Avoir un comportement respectueux et responsable, notamment en groupe lors d’un “plan chems”.
- Le chemsex peut faire rentrer la consommation de produits dans quelque chose d’habituel. Elle peut modifier nos comportements vis-à-vis du sexe et peut créer des comportements addictifs.
Réduire les risques, c’est important !
À chaque produit utilisé correspond des pratiques de réduction des risques (RDR) pour éviter le surdosage et les expériences traumatisantes.
Pour cela :
- Ne jamais rester/consommer seul.
- Noter les produits que tu prends et espacer les prises le plus possible.
- Faire tester les produits avant une sex party.
- Éviter les mélanges de différents produits qui peuvent être dévastateurs pour ton corps, ta santé mentale et ta vie sociale. Par exemple, ne jamais boire d’alcool avant, pendant et après la consommation de GHB/GBL pour éviter les risques de G-hole.
- Se faire dépister au moins tous les trois mois si tu pratiques régulièrement le chemsex et notamment dans le cadre de certaines pratiques comme le booty bump qui peut être très abrasif pour ton cul.
- La question du consentement est importante.
- Les risques d’infections VIH et co-infections à l’hépatite B et C sont très importants. En cas d’injection, bien désinfecter la zone d’injection, bien filtrer les produits et ne pas partager ton matos.
- Éviter de consommer de multiples produits dépresseurs (Kétamine, GBL/GHB, alcool, benzodiazépine, MXE, opiacés) cela pourrait facilement provoquer des surdoses et des dépressions respiratoires.
- Appeler immédiatement les secours (Samu : 15 et Pompiers : 18 ou le 112) en cas de perte de connaissance et même dans le doute d’une overdose.
Dépendance physique et/ou psychologique
Pour éviter les mélanges et la prise consécutive de produits, tu peux mettre en place, par exemple, une feuille de consommation sur le frigo ou un tableur Excel. C’est la façon la plus simple d’espacer ta consommation, de la réguler si besoin et de mieux la comprendre pour en parler à unE professionnelLE de santé.
Des pipettes, pour mesurer ses doses de G, et des roule ta paille pour le sniff sont souvent distribuées dans les lieux de santé communautaires et par les associations comme AIDES ou Act Up.
L’impact de ces sessions de sexe sous prod peuvent entraîner des conséquences ponctuelles ou durables sur tes relations et ta vie sociale. L’intensité offerte et la possibilité de multiplier les partenaires et les pratiques permettent de dépasser les stigmates ou les barrières en société. Elles rejoignent les multiples possibilités de rencontres via des applis comme Grindr et les milieux festifs.
On ne le dira jamais assez : un oui est un oui, un non est un non, c’est la base !
Le consentement peut être altéré dans le cadre du chemsex et le non respect du consentement entraine des conséquences : emprise, modification du comportement, risque de contamination au VIH, VHC et autres IST, désinhibition, viols, violences sexuelles, traumas etc. La vigilance est donc de mise à chaque instant. Il est important de s’assurer que ton consentement éclairé sera respecté pendant toute la durée du plan chems. Et inversement, adopter un comportement responsable et respectueux.
Si tu es séropositifVE
- prends correctement ton traitement, il te permettra de contrôler ta charge virale pour ne pas exposer tes partenaires à un risque de contamination,
- consulte régulièrement un centre de santé communautaire, ton médecin traitant ou un soignant spécialisé dès lors que tu as été en contact ou que tu présentes des symptômes d’IST.
Si tu es séronégatifVE
- fais un dépistage tous les trois mois pour le VIH, les hépatites et les IST,
- informe tes partenaires en cas d’infection,
- réduis au maximum les risques,
- prends la PrEP si tu en ressens le besoin,
- renseigne-toi auprès de ton partenaire sur son statut sérologique et protèges-toi s’il n’est pas sous traitement ou qu’il ne connaît pas son statut,
- consulte des associations et des professionnelLEs de santé communautaires.
Et n’oublie pas que le silence est ton pire ennemi. Parler de sa consommation, exprimer ses questionnements, informer son entourage si l’occasion se présente, c’est souvent libérateur quand on est bien accompagné.
Les adresses utiles
>> Les CAARUD (Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour les Usagers de Drogue) sont les établissements médico-sociaux de première ligne en matière de réduction des risques. Ils fournissent du matériel d’injection ou de sniff stériles ainsi que de l’information sur les produits et la réduction des risques.
>> Les CSAPA (Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) te permettent de consulter gratuitement, d’être suivi et d’être accompagné en cas d’arrêt. Il en existe dans toutes les régions de France.
>> Les CeGIDD (Centre Gratuits d’Information, de Dépistage et de Diagnostic) permettent de se faire dépister anonymement et gratuitement du VIH et des autres IST. Mais aussi de se faire prescrire la PrEP ou pour demander un traitement d’urgence post-exposition (TPE).
>> Les CSSAC (Centre de Santé Sexuelle d’Approche Communautaire) proposent une offre de santé sexuelle dédiée aux personnes LGBTQIA+ et aux travailleurSEs du sexe, sur le modèle anglo-saxon de la Dean Street clinic de Londres. Il en existe 4 en France (voir la rubrique Dépistage).
>> L’association Enipse, en plus d’éditer des brochures de prévention et d’information sur le chemsex, oriente les personnes concernées vers des lieux de prise en charge.
>> Le Samu : à contacter uniquement en cas d’urgence. Tél : 15 (7 jours sur 7 et 24h/24).
Les ressources en ligne
Il est important de ne pas rester seul face à sa consommation et ses questionnements. Le chemsex peut rapidement affecter ta vie relationnelle et affective, ton entourage proche et professionnel, ton mental, ta santé, tes repères du quotidien. Les ressources qui existent sont complémentaires et peuvent donc te servir pour y voir plus clair dans ta pratique. Sans jugement, sans stigmatisation : s’informer pour mieux comprendre.
Sexosafe.fr : Sexosafe propose une page « Chemsex et slam : comment se protéger ? ».
Fetez-clairs.org : met à ta disposition du matériel de réduction des risques et des flyers à télécharger.
Chemsex.be : site belge d’information et de réduction des risques pour les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes qui pratiquent le chemsex et pour les professionnelLEs de santé. La conception du site a été inspirée du projet Friday/Monday du Terrence Higgins Trust (THT), la principale association de lutte contre le VIH-SIDA au Royaume-Uni.
Technoplus.org et son application mobile : pour consulter des flyers dédiés aux produits et à leurs interactions.
Kepsmag.fr : média en ligne de référence sur la santé, la fête et la culture liées aux drogues et à la sexualité, en n’oubliant jamais les risques et les plaisirs. Le projet KEPS fait partie de l’association de santé le Bus 31/32 basée à Marseille. Tu peux retrouver pas mal d’infos sur le chemsex sur leur chaîne YouTube.
Info Chemsex : groupe d’entraide et d’auto-support mis en place sur Facebook par l’association AIDES permet d’échanger avec d’autres personnes traversant les mêmes expériences.
Groupe Autosupport Chemsex (AIDES) sur Telegram : t.me/AIDESChemsex
Ligne d’écoute WhatsApp – Info Chemsex (AIDES) au 07 62 93 22 29, une équipe répond dans les 24h du lundi au vendredi, avec proposition d’entretien téléphonique si besoin.
Chillout Visio Abstinent, tous les jeudis de 18h30 à 19h30 (bit.ly/ChilloutAbstVisio) : Groupe de parole en visio pour les personnes ayant arrêté, souhaitant arrêter ou mettre en pause leur pratique du chemsex.
Drogues Info Service : drogues-info-service.fr / Par téléphone : 0 800 23 13 13, de 8h à 2h, 7 jours sur 7 (appel anonyme et gratuit)