Du 19 au 21 avril dernier s’est tenu un séminaire de travail au Ministère de l’Egalité, coordonné par la DILCRAH, en vue d’élaborer un plan d’action LGBTQI+ 2023-2026. Dans le cadre d’ateliers thématiques, l’objectif était de réunir différentes associations LGBTQI+ dont les actions sont diverses et complémentaires sur l’ensemble des territoires pour formuler des propositions concrètes.

Cependant, nous avons été particulièrement agacés sur plusieurs points. En effet, nous avons constaté un manque flagrant de méthodologie et d’indicateurs de contrôle précis permettant la mise en place d’un plan qui se veut ambitieux pour les années à venir en matière de lutte contre les LGBTQIphobies. Pire, il n’existe pas d’évaluation du plan précédent. Nous avons également constaté l’absence de budgétisation des propositions dont nous savons qu’elles ne pourront pas être appliquées en l’absence d’enveloppes budgétaires à la hauteur des besoins et des actions associatives.

Nous avons été heurtéEs par la volonté d’Isabelle Rome d’exclure toute mesures en faveur des droits des personnes LGBTQI+ qui exercent le travail sexuel. Les associations avaient fait des propositions dans le sens de la justice, de la santé, du travail et de l’accompagnement social dans l’objectif de lutter contre les violences : elles ont été ignorées par l’ensemble de nos interlocuteurICEs. Nous rappelons que selon les chiffres du derniers TDoR 48% des personnes transgenres assassinées dans le monde en 2022 étaient travailleurSEs du sexe. Il ne s’agit pas d’idéologie, il s’agit de vies humaines.

Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de prendre à témoin nos communautés en publiant nos exigences :

Santé

>> Promotion, soutien, et valorisation de campagnes de prévention inclusives en santé sexuelle toute l’année et avec les associations (en évitant l’humour cringe), sans oublier de parler du TasP, pour l’ensemble de la population.

>> Faciliter l’accès à la PrEP et au TPE pour les populations les plus exposées au VIH-Sida, notamment les travailleurSEs du sexe et les personnes migrantes LGBTQI+, dans les différentes structures de soin et de santé. Et une meilleure visibilité pour ces outils.

>> Un plan de vaccination HPV cohérent et harmonisé sur l’ensemble des territoires métropolitains et ultra-marins à la rentrée de septembre, comme annoncé en février dernier pour les élèves de 5e. L’objectif étant de protéger, entre autres, les jeunes LGBTQI+ qui commencent une vie sexuelle tôt face à des risques de cancers.

>> L’élargissement du dispositif d’aide d’urgence créé pour les travailleurSEs du sexe touchéEs par le Mpox afin qu’il puisse être étendu à l’ensemble des pathologies empêchant d’exercer, notamment les IST.

>> Le déploiement d’un accompagnement social inconditionnel par les associations de santé communautaire pour les travailleurSEs du sexe qui ne souhaitent pas, quelqu’en soit les raisons, entrer dans un “Parcours de sortie de la prostitution” afin de mieux toucher les travailleurSEs du sexe LGBTQI+.

>> Le financement de dispositifs pour la santé mentale des travailleurSEs du sexe dans les associations de santé communautaire, cette population étant particulièrement impactée par la précarité due à la crise sanitaire et à la répression directe et indirecte du travail sexuel.

Education Nationale

>> Embaucher plus d’enseignantEs titulaires et revaloriser fortement les salaires ; respecter et considérer les enseignantEs dans tous les établissements car rien ne se fera sans eux.

>> L’application effective des 3 séances annuelles d’éducation à la sexualité́ et à la vie affective du primaire au lycée, dans l’ensemble des établissements des territoires métropolitains et ultra-marins (loi de 2001). Pour rappel, parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2021, 15% étaient âgées de moins de 25 ans [1].

>> Une formation systématique et effective des personnels pédagogiques et éducatifs en matière d’éducation à la sexualité, mais aussi sur le consentement, le sexisme, les LGBTIphobies et la sérophobie. Globalement, permettre aux enseignantEs de pouvoir se former tout au long de leur carrière en rendant accessible des formations, quite à rendre obligatoire certaines de ces formations. Cela passerait aussi par une meilleure coordination entre les inspecteurICEs de l’Education Nationale, les chefFEs d’établissements, les rectorats, les Agences Régionales de Santé et les associations.

>> Des formations pour les professeurs aux handicaps et à la différenciation pédagogique et permettre l’accès à ces formations.

>> Une application effective de la mise à disposition gratuite de dispositifs de prévention (préservatifs internes et externes / digues dentaires a minima) au sein des établissements du secondaire.

>> Une augmentation des moyens financiers et humains dédiés à la prévention et l’accompagnement en santé sexuelle dans les établissements : renforcement des infirmeries scolaires car elles sont trop souvent surchargées.

>> L’accessibilité aux personnes handicapées sur l’information et les moyens de prévention en santé sexuelle, approche inclusive et non stigmatisante.

Justice

>> Abroger la pénalisation des clientEs qui expose les travailleurSEs du sexe aux violences en les poussant à travailler dans des coins reculés, il est nécessaire de tirer des leçons du meurtre de Vanesa Campos et des violences que subissent particulièrement les femmes transgenres TDS.

>> Décriminaliser la solidarité et l’entraide à l’égard des travailleurSEs du sexe, les personnes qui sont également LGBTQI+ sont doublement exposéEs aux violences.

>> Inclure les travailleurSEs du sexe et les associations de santé communautaire dans les discussions et décisions politiques qui les concernent.

 

[1] Source : Bulletin de Santé Publique – Décembre 2022 – Santé Publique France