À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le VIH-Sida, Santé publique France produit chaque année des données actualisées sur le VIH et les IST en France. Ces données reposent sur différents systèmes de surveillance auxquels participent biologistes et cliniciens, sur une base obligatoire ou volontaire, tel que l’enquête LaboVIH pour l’activité du dépistage en laboratoire de ville ou sont issues du Système National des Données de Santé (SNDS) géré par l’Assurance Maladie.

Depuis quelques années, en plus de l’impact du SARS-CoV-2 / Covid-19, la participation des professionnels de santé aux différents systèmes de surveillance a baissé, notamment concernant le dépistage du VIH et les diagnostics d’infection à VIH.

Résultat : Santé publique France explique que les données des années 2020 et 2021 sont fragilisées et leur interprétation doit rester prudente. Mais comment imaginer une telle situation quand l’objectif est de mettre fin au Sida d’ici 2030 ? Nous ne pouvons pas accepter une telle dégradation de la surveillance du VIH en France et encore moins d’agir sans boussole.
Par ailleurs, suite à la forte baisse de l’exhaustivité des données de surveillance des dernières années, avec seulement 59% de déclarations obligatoires renseignées par les biologistes et les cliniciens en 2021, Act Up-Paris exige une amélioration et un renforcement du système de surveillance épidémiologique sans tarder. Il est crucial de pouvoir disposer d’indicateurs robustes sur l’ensemble des territoires métropolitain et ultra-marin, indispensables pour mesurer au plus juste l’épidémie « réelle » et la combattre de manière efficace.
  • L’exhaustivité de la déclaration obligatoire du VIH en 2021 a été estimée à 59%, en diminution par rapport aux années précédentes (respectivement 60% en 2020, 68% en 2019 et 74% en 2018).
  • Le nombre de découvertes de séropositivité VIH a été estimé à 5 013, nombre stable par rapport à 2020.
  • 29% des infections à VIH ont été découvertes à un stade avancé de l’infection (stade sida ou moins de 200 CD4/mm3 de sang), proportion qui ne diminue pas depuis plusieurs années.
  • Les personnes ayant découvert leur séropositivité avaient un âge médian de 37 ans : 15% étaient âgées de moins de 25 ans, 62% de 25 à 49 ans et 23% de 50 ans et plus. La proportion des plus de 50 ans, qui s’était stabilisée autour de 20% entre 2014 et 2017, a eu tendance à augmenter depuis. La part des moins de 25 ans est stable depuis 2017.
  • Le taux de participation des laboratoires de biologie médicale à l’enquête LaboVIH est de 66% en 2021, en baisse par rapport aux années précédentes (72% en 2019 et 2020, 81% en 2018 et entre 85% et 89% jusqu’en 2017).

Fragile, stable, diminution trop lente, manque de robustesse, prudence, manque de moyens sont les qualificatifs d’une épidémie mal surveillée et d’un système à bout de souffle. Après 3 ans de crise sanitaire liée au SARS-CoV-2/Covid-19, dont la gestion reste déplorable et critique pour le système de santé, nous demandons à l’Etat de prendre ses responsabilités. Et vite !

Source : Bulletin de Santé Publique – Décembre 2022 – Santé Publique France