Le 4 novembre dernier, la 17e chambre du Tribunal Judiciaire de Paris a jugé infondées les poursuites judiciaires engagées par Hélène BIDARD, élue communiste de la Ville de Paris, à l’encontre de Marc-Antoine BARTOLI, ancien président d’Act Up-Paris, activiste de la lutte contre le sida, pour des faits qualifiés de diffamation publique envers un particulier. Marc-Antoine a été relaxé et nous remercions son avocat Me Tewfik Bouzenoune pour sa défense.

Le rôle politique d’Act Up-Paris est de mettre les éluEs face à leurs responsabilités depuis plus de 30 ans. C’est ce qui est salué à chaque 1er décembre, applaudi lors des diffusions du film 120 battements par minutes, commémoré dans les espaces institutionnels et muséales. Cependant, notre lutte n’appartient pas au passé. En France, encore aujourd’hui, les travailleurSEs du sexe (TDS) sont toujours plus exposéEs au VIH-sida par des lois et des réglementations répressives et par les difficultés d’accès aux droits sociaux. 

Nous dénonçons cette situation et c’est ce qu’a fait Marc-Antoine Bartoli lorsqu’il présidait notre association. Pourquoi ? Parce que la pénalisation des clientEs expose les TDS aux transmissions de VIH(1). Parce qu’en 2019 et début 2020 il y a eu une vague de violences et de meurtres de travailleuses du sexe. À aucun moment les éluEs n’ont eu le courage politique de remettre en question les lois et les réglementations qui exposent les travailleurSEs du sexe à ces violences et à ces meurtres. Pas même lorsque Jessyca Sarmiento a été fauchée par une voiture au Bois de Boulogne.

Nous déplorons que la seule réaction d’Hélène Bidard suite aux interpellations légitimes de notre ancien président ait été d’engager des poursuites devant le Tribunal correctionnel à son encontre. Son rôle, en tant qu’adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, aurait été de recevoir les associations de travailleurSEs du sexe et de santé communautaire pour prendre en compte les besoins des premierEs concernéEs et agir pour leur sécurité. Nous constatons que la lutte contre les violences faites aux travailleurSEs du sexe n’est pas sa priorité. Comme le disait Maud Olivier, rapporteure de la loi de pénalisation des clientEs, lors du procès : « Ce n’est pas notre problème ! »

Nous saluons la décision de relaxe du Tribunal Judiciaire de Paris qui a saisi l’importance du débat sur les droits fondamentaux des travailleurSEs du sexe. Nous nous attristons que ce débat sociétal ne puisse pas avoir lieu à l’Hôtel de Ville de Paris. 

Bien que notre ancien président ait gagné ce procès, la liberté d’expression n’en sort pas indemne. Il est regrettable, dans une démocratie, que des éluEs de la République préfèrent recourir à l’action judiciaire pour contrer les critiques légitimes formulées par les acteurs de terrain plutôt que de mettre en place, au sein même de la collectivité, un espace de discussion et de débat sur ce sujet d’intérêt général majeur. 

Au vu du refus d’Hélène Bidard d’accepter le débat démocratique sur les droits des travailleurSEs du sexe, de sa réticence à ce que les associations de santé et de santé communautaire soient entendues, de sa négation des faits et avis scientifiques sur l’exposition des TDS au VIH-sida lorsqu’iels sont criminaliséEs directement et indirectement :  

Act Up-Paris exige qu’Anne HIDALGO confie la question du travail sexuel à unE éluE plus pragmatique.

(1) https://www.thelancet.com/journals/lanhiv/article/PIIS2352-3018%2816%2930217-X/fulltext