Alerte presse

À Pantin, le 12/08/2022

 

Depuis la découverte du premier cas de variole du singe en France, le 19 mai 2022, l’épidémie de Monkeypox progresse de façon alarmante, quasiment exclusivement au sein d’un groupe d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Nous réclamons depuis plusieurs semaines la mise en place d’une campagne de vaccination coup de poing accessible aux personnes les plus exposées.

Les efforts du ministère de la santé et de certaines Agences Régionales de Santé ne suffisent pas à ce stade à envisager le contrôle de cette épidémie. Sans une mobilisation de moyens massifs, le risque d’une perte de contrôle de l’épidémie est réel.

 

Le vaccin socle de la prévention diversifiée

La lutte contre la diffusion de la variole du singe repose sur une stratégie de prévention diversifiée qui comprend la réduction des risques de contracter et de transmettre le virus, et la vaccination. Contre les maladies infectieuses, la vaccination a toujours été le socle de réponses durables. Il est donc nécessaire que le vaccin contre la variole humaine, efficace contre cette variole d’origine animale, soit largement disponible.

Donner la priorité à une première injection pour toutes et tous

La Haute autorité de santé (HAS) dans son avis du 7 juillet défini les personnes prioritaires pour la vaccination : les hommes ayant plusieurs partenaires sexuels masculins ; les personnes trans ayant plusieurs partenaires sexuels ; les personnes exerçant le travail du sexe ; les personnes travaillant dans les lieux de consommation sexuelle. Pour les hommes ayant plusieurs partenaires sexuels masculins, la HAS se réfère à une évaluation de Santé Publique France qui évalue le nombre à 250 000 personnes[i]. Ce nombre ne comprend pas les autres groupes éligibles à la vaccination.

Aujourd’hui, 30 000 personnes ont bénéficié d’une première dose. Le vaccin demande deux doses pour être efficace. Pour avoir le bénéfice le plus rapide de cet outil, il est nécessaire que le plus grand nombre reçoive une dose rapidement, pour ensuite disposer de créneau pour l’administration de la seconde dose.

Eviter la perte de contrôle avant fin septembre.

Au rythme actuel, toutes les personnes éligibles seront vaccinées fin décembre, et avec une seule dose. A cette date, et à ce rythme, il est sûr qu’il y aura bien plus de cas en dehors du groupe actuellement le plus touché. L’épidémie sera hors de contrôle.

Pour garder le contrôle sur l’épidémie, puis la faire chuter, il faut que toutes les personnes cibles soient vaccinées pour la fin de l’été le 23 septembre, soit dans les six prochaines semaines. Si l’on prend en compte seulement le chiffre de 250 000 personnes éligibles, dont 30 000 sont déjà vaccinées, cela représente 220 000 personnes. Il faut donc vacciner au moins 37 000 personnes par semaine. Aujourd’hui, en France, ce sont environ 15 000 personnes par semaine qui sont vaccinées, nous sommes très loin du compte. Surtout, ce chiffre prend en compte les seuls HSH, qui ne constituent pas l’unique groupe éligible.

Une mobilisation de masse est nécessaire

L’expérimentation avec les pharmacies doit être déployée, sans attendre deux semaines. Il est nécessaire que les collectivités territoriales se mobilisent pour organiser des opérations de vaccination flash sans rendez-vous comme cela a été le cas à Lille le weekend dernier. Nous insistons aussi sur le rôle des ARS qui doivent faciliter un tel dispositif sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin.

Il devient urgent de mobiliser les grandes organisations qui en France sont en capacité de déployer des moyens importants, comme la Croix rouge. De grands évènements festifs rassemblant un grand nombre de HSH sont prévus ou en cours. Ces évènements sont des opportunités pour vacciner plusieurs centaines ou milliers de personnes. Les enjeux logistiques sont importants, au niveau de l’urgence sanitaire.

L’ensemble du gouvernent et de l’Etat doivent prendre la mesure de l’urgence et faire appel aux organisations en capacité de soutenir une réponse massive, sur un temps bref.

 

[i] Enquête « Rapport au sexe » (ERAS) 2021 à destination des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes 2021. https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2021/enquete-rapport-au-sexe-eras-2021-a-destination-des-hommes-ayant-des-rapports-sexuels-avec-des-hommes

 

Communiqué inter-associatif à l’initiative de : Act Up-Paris, Aides, STRASS, Sidaction, Enipse, Inter-LGBT, Fédération Sportive LGBT+, Séropotes.

Pour télécharger l’alerte : Alerte Monkeypox