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Après les chiffres internationaux qui annoncent une augmentation de la contamination du VIH dans les pays occidentaux due au relapse, après les chiffres attestant de l’explosion des cas de gonorrhées, voici que depuis plusieurs mois, les médecins et les centres de dépistage notent une nette recrudescence de la syphilis en France comme dans les pays voisins. Depuis le milieu des années 80, cette maladie sexuellement transmissible avait presque disparu, au point que les tests de dépistage en routine ont été abandonnés dans la communauté gay et à l’entrée des prisons. C’est donc avec inquiétude que nous apprenons la réapparition de cette MST, particulièrement contagieuse et même cliniquement sérieuse si elle n’est pas traitée. L’institut de Veille Sanitaire (InVS) a lancé une enquête et a noté 32 cas de syphilis pour l’ensemble de l’an 2000 et 46 cas pour les 5 premiers mois de 2001 (sur ces 78 cas un seul est une femme). La grande majorité des cas (87%) a été observée à Paris, 9 cas à Lille (11,5%) et 1 cas à Nice (1,3%). Parmi les cas recensés chez des hommes, 75% sont des homosexuels, 10% sont des bisexuels et 15% sont hétérosexuels. L’âge moyen est de 36,4 ans. 53% des personnes sont séropositives et parmi elles, une grande majorité (82,9%) connaissait leur séropositivité avant le diagnostic de syphilis ; 7 patients l’ont découverte au cours du diagnostic de syphilis. Parmi les 34 patients connaissant leur séropositivité, 76,5% bénéficient d’un traitement antirétroviral. La notion de charge virale indétectable est connue pour 22 des 26 patients sous antirétroviraux, 13 (59%) avaient une charge virale indétectable. Les conclusions à apporter à ces chiffres sont de plusieurs ordres – cette épidémie naissante n’a rien à voir avec le nombre de cas de syphilis en France au début des années 80 (plus de 1000 cas). Il est possible d’agir tout de suite avant que cela prenne des proportions vraiment très inquiétantes. – ensuite, la syphilis, contrairement au sida, se traite bien si on la dépiste. Il suffit d’un traitement par antibiotiques. Il faut donc penser à se faire dépister et à consulter dès qu’une anomalie clinique apparaît. – la diffusion massive de cette information est urgente, il faut pallier au relâchement de la prévention. Nos tractages dans le marais ne suffisent pas, les pouvoirs publics doivent lancer des programmes d’information. Il faut pouvoir reconnaître cette maladie qui peut avoir des complications graves si elle n’est pas traitée. – les médecins eux-mêmes doivent recevoir un complément d’information car reconnaître une MST qui avait pratiquement disparu il y a 10 ans, est délicat. Des diagnostics erronés ont été faits, et aujourd’hui encore certains médecins traitent ce qu’ils croient être une allergie ou une interaction médicamenteuse. – la syphilis est très contagieuse, contrairement au VIH. Le germe se transmet par contact direct des muqueuses (bouche, gland, lèvres, anus et même, parfois, sur les pieds ou le cou). Le port de la capote ne prévient donc pas certaines contaminations, ce qui déroute souvent les personnes qui ont eu des rapports protégés. – il serait naïf de croire que ces cas de syphilis sont concentrés à Paris. Le nombre de cas à Lille et à Nice l’atteste déjà. – si le nombre de cas mentionné plus haut paraît peu important, il faut penser que la surveillance de la syphilis n’est pas optimale. En effet, sa déclaration par le médecin n’est plus obligatoire. – enfin, comme pour toutes les autres MST, la transmission de la syphilis peut potentiellement favoriser la contamination par le VIH.

 

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