Act Up-Paris publie aujourd’hui une étude révélant que 70% des promesses financières qu’a fait la France il y a 3 ans en matière de lutte mondiale contre le sida ne sont pas tenues [[Money for AIDS Fight : who should be paying how much ?, Table, Act Up-Paris, July 2004]]. Le déficit s’élève à 365 millions de dollars. Alors que l’année dernière le sida a tué plus de 3 millions de personnes, et près de 25 millions en 20 ans, le non-versement des financements prévus bloque sur le terrain l’essentiel les tentatives visant à juguler l’épidémie.
En 2001, la France s’était engagée aux Nations Unies sur l’objectif mondial de 10 milliards de dollars par an consacrés à la lutte contre le sida. En effet, une étude de l’ONUSIDA avait établi qu’en deçà de ce chiffre il n’est pas possible de stopper la propagation du virus dans le monde[[Declaration of Commitment on HIV/AIDS, United Nations GASS, June 27 2001. ]].
La part de la France dans cet objectif, si l’on s’en réfère à sa richesse, est d’au moins 440 millions de dollars par an. Or, d’après les derniers chiffres de l’ONUSIDA et du Fonds mondial, en 2003 la France n’a tenu que 30% de sa promesse, avec moins de 75 millions de dollars pour le sida [[<1>]].
Pourtant le 1er décembre dernier l’OMS rappelait qu’il n’en coûterait que 3 milliards de dollars par an, soit bien moins que les sommes promises en 2001, de mener à bien l’opération 3 millions de malades du sida sous traitement d’ici 2005 [[Treating Three Million by 2005 : Making It Happen, WHO, December 1st 2003]]. Ainsi la vie de 3 millions de personnes dépend de la tenue effective par la France et les autres pays riches de leurs engagements.
D’ailleurs l’Envoyé Spécial des Nations Unies pour le Sida, Stephen Lewis, tançait déjà la France et les autres pays riches le 3 mars dernier en déclarant : « si le projet de l’OMS de mettre 3 millions de personnes sous traitement VIH d’ici 2005 échoue, ce qui ne manquera pas de se produire si les financements n’arrivent pas, alors il ne restera plus aucune excuse derrière laquelle se cacher — il ne restera que les charniers où on entassera les corps des victimes. »
Même le directeur de la Banque Mondiale, James Wolfensohn, a sonné l’alarme dans une revue internationale la semaine dernière : «nous sommes encore très loin des 20 milliards de dollars dont le monde aura besoin chaque année à partir de 2007 afin de combattre le sida» [[déclaration au China Aids Survey, 25 Juin 2004]].
Dimanche prochain s’ouvre à Bangkok la Conférence Internationale du Sida, dont le mot d’ordre est «Accès pour Tous», en référence aux médicaments qui peuvent stopper l’hécatombe. L’OMS estime que 98 à 99% des personnes infectées n’y ont toujours pas accès, 8 ans après leur diffusion au Nord. 12 chefs d’Etats du Sud seront présents à Bangkok, dont ceux de la Chine et de l’Inde où l’épidémie explose en ce moment.
Des malades du monde entier, dont Act Up-Paris, seront aussi présents ; leur message sera «où sont les 10 milliards de dollars promis ?» [[Declaration of the 11th International Conference of People Living with HIV, Kampala, October 30th, 2003]]. Ils organiseront une manifestation à Bangkok le jour de l’ouverture de la conférence.