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Mise au point sur les circonstances qui nous ont amenéEs à demander au CA du centre LGBT de Paris – Ile-de-France la démission de Christine Le Doaré.

Dans un post publié sur son « mur » visible de Facebook (donc accessible par tous et toutes), Christine Le Doaré réagissait avec violence à l’annonce de l’arrestation de cinq militant-es, dont un activiste LGBT russe, alors qu’ils et elles venaient remettre une pétition à l’ambassade de Russie pour demander la légalisation de la Marche des fiertés à Moscou.

Dans le fil de la discussion qui s’en est suivie, Christine Le Doaré assumait sa position de présidente du centre LGBT de Paris-IDF et affirmait « dire tout haut ce que tant pensent », indiquant clairement que ses propos étaient d’ordre public.

Trois reproches faits par Christine Le Doaré nous ont particulièrement choqué-es :

L’arrestation serait en fait un coup de publicité des activistes et des associations co-organisatrices, destiné à promouvoir l’action prévue en fin d’après-midi. Au moment où Christine Le Doaré tenait ses propos, l’activiste russe s’entendait dire par un policier « Si tu parles pas français, tu n’as qu’à rentrer chez toi » ; la co-présidente d’Act Up-Paris se voyait fouiller jusqu’à la couture de ses sous-vêtements. Le militant russe était retenu toute la journée pour s’être défendu face aux insultes xénophobes dont il faisait l’objet. Parler de publicité dans ces conditions, à ce moment, et publiquement, est particulièrement déplacé. D’autre part, ces personnes ont été arrêtées pour avoir sonné à une ambassade et demandé à remettre un courrier. Cette arrestation n’était donc vraiment pas prévisible, sauf à considérer comme normal de demander une autorisation préfectorale pour sonner à un interphone. N’y a-t-il pas plus prioritaire dans le choix de ses coups de gueule ou de ses silences, que de lancer un conflit interassociatif comme l’a fait Christine Le Doaré ? Enfin, un activiste russe, arrêté de nombreuses fois dans son pays, repartira avec l’expérience des policiers du « pays des droits humains » et l’accusation qu’il a voulu se faire de la publicité, accusation portée par la présidente du centre LGBT de Paris Ile-de-France .

L’action prévue le soir aurait été faite sans concertation préalable. Or – cela lui a été répété maintes fois depuis, sans qu’elle n’en démorde – l’organisation de l’action a été lancée le mardi précédent, trois jours avant sa tenue, quand nous avons su que le militant russe et le photographe américain seraient en France le vendredi, permettant le rassemblement. C’est ce même mardi que des invitations ont été lancées : on peut difficilement faire plus vite. Christine Le Doaré estime que ces invitations ne sont pas des appels à concertation. C’est son droit le plus strict, mais c’est aussi notre droit de dire que des associations ont répondu à cet appel, ont participé à l’organisation, donc l’ont fait vivre et évoluer sans se sentir exclues par… une invitation.

Les deux activités essentielles d’Act Up-Paris seraient d’amuser ou de taper sur le centre LGBT : rien ne vient fonder ce reproche, et certainement pas la communication publique de notre association. Act Up-Paris n’a non plus jamais critiqué Christine Le Doaré. Nous n’avons jusque-là pas condamné officiellement ses propos scandaleux sur des personnes vivant avec la VIH ou l’assimilation qu’elle a pu faire entre les personnes qui défendent les droits des travailleurSEs du sexe à des proxénètes, espérant que le CA du centre et les associations membres les désapprouveraient publiquement.

Invoquer la liberté d’expression comme seule réponse à nos questions, comme le fait Christine Le Doaré, est vain, puisque ce droit ne lui a jamais été dénié. C’est à ses responsabilités de représentante du centre que nous en avons appelé : elle doit justifier ses accusations et rendre des comptes sur ses priorités politiques.

Nous avons pris la décision de demander aux administrateurs la démission de Christine Le Doaré après un échange par mail avec le CA du centre, où seule l’intéressée nous a répondu. On en trouvera l’intégralité ci-dessous. Nous avons envoyé un premier message aux associations membres du CA du centre dimanche midi leur proposant de nous retrouver le lendemain soir pour une discussion. Seule Christine Le Doaré nous a répondu, avec un mépris et une désinvolture difficilement imaginables. Nous avons fait une deuxième tentative, renvoyant un mail aux membres du CA, leur demandant si oui ou non le CA cautionnait les propos de Christine Le Doaré. Le contenu de la seule réponse que nous avons eue, celle de l’intéressée, et l’absence totale de réponse de la part des autres membres du CA du centre ne nous laissaient pas le choix. C’est la raison pour laquelle, dans un dernier mail, nous leur avons demandé la démission de Christine Le Doaré.

Cette demande ne sera pas une priorité d’Act Up-Paris. Tout comme le centre, tout comme Christine Le Doaré elle-même, nous avons mieux à faire et personne n’a besoin d’un conflit inter-associatif. Mais, si nous acceptons la critique, nous n’acceptons ni l’insulte ni la diffamation. Et surtout, nous avons du mal à croire qu’une instance comme le centre LGBT de Paris Ile-de-France considère que cette arrestation, la détention en France d’un activiste russe déjà arrêté dans son pays, soient un coup de pub et non une atteinte intolérable aux droits humains et à la liberté d’expression.