Des militantEs d’Act Up-Paris ont occupé ce matin vendredi 4 avril 2008 les locaux de l’office de tourisme de Thaïlande à Paris pour protester contre les exécutions en masse d’usagerEs de drogue dans le pays, et pour pointer la dangereuse remise en cause de l’accès aux médicaments génériques.
Le nouveau gouvernement de Thaïlande, issu des élections de décembre, entend réactiver la politique menée en 2003 par le premier ministre de l’époque, Thaksin Shinawatra, la « guerre à la drogue ». Cette politique consiste à faire tuer, par la police ou des milices, des usagErEs de drogues interpelléEs dans la rue, ou sur des lieux de consommation, sans passer par un procès. Selon l’association Human Right Watch, ce dispositif d’extermination aurait causé 2819 morts entre février et avril 2003. Cette politique est insupportable et doit être combattue. Au-delà de l’extermination insoutenable d’êtres humains, cette politique pousse les usagErEs de drogues à encore plus de clandestinité, les détourne des campagnes de prévention du sida et des hépatites entreprises par les réseaux d’auto-support, et entraîne donc, en plus des assassinats, des conséquences sanitaires graves dans un pays où la transmission du VIH par partage de seringues reste la principale cause de la dynamique de l’épidémie de sida. Aucun programme d’échange de seringues ou d’accès à des produits de substitution (méthadone, subutex) n’est réellement disponible dans le pays, malgré les recommandations internationales. Nous demandons au ministre de la Thaïlande Chalerm Yubamrung et au premier ministre Samak Sundaravej de renoncer à cette politique et de mettre en place un réel programme de réduction des risques, fondé sur le respect des droits humains et la consultation des usagErEs eux-mêmes : échange de seringues, accès aux produits de substitution, lutte contre les discriminations dont sont victimes les usagErEs de drogues, promotion de l’auto-support, etc. Nous demandons à Nicolas Sarkozy que la France condamne publiquement cette politique et demande son arrêt. Nous exigeons également que l’OFPRA en France, ainsi que les ministères des affaires étrangères en France et en Europe, d’accorder une protection spécifique aux ressortissants thaïlandais recourant à des demandes d’asile en Europe parce qu’ils craignent à raisons de subir des persécutions dans leur pays d’origine — comme le prévoit la Convetion de Genève de 1951 sur le droit d’asile. En effet, les usagerEs de drogues thaï peuvent recourir à une protection en tant que groupe social discriminé. Ainsi, au minimum et de toute urgence, une protection particulière doit être mise en place. Par ailleurs, Act Up-Paris demande à la Thaïlande de continuer à produire ou importer des médicaments génériques, comme le droit le lui permet, pour soigner l’ensemble de ses malades, même les plus pauvres. Les pressions que le pays reçoit de l’industrie pharmaceutique, des Etats-Unis ou de l’Union Européenne ne doivent pas le décourager à faire de l’accès aux soins sa priorité.