Dans une campagne télévisée diffusée à la télévision, la firme Opel utilise une personne transsexuelle et la tourne en dérision pour vendre une voiture. Par le ridicule du personnage, par la grossièreté du propos et par son abominable ressort humoristique, cette campagne publicitaire est non seulement minable, mais fondamentalement inacceptable d’un point de vue humain et éthique. Alors que nous subissons la transphobie quotidienne, la transphobie psychiatrique et la transphobie légale, devons-nous encore subir les sarcasmes des camelots ?
Ce spot de publicité montre une femme qui vient visiblement de changer de sexe, caricaturale à souhait (siliconée, voix rauque, perruque, etc.) dans le cabinet de son médecin. Elle lui dit en substance : « Ecoutez docteur, je crois que j’ai fait une erreur. Est-ce que, hum, on ne pourrait pas… Enfin, vous comprenez… Remettre, tout ce que vous venez d’enlever, quoi ? ». « Ah non, Madame, ça ne va pas être possible », répond le médecin en levant les yeux au ciel. Puis un travelling sur l’automobile, qui, elle, peut être essayée pendant trois jours et changée si elle ne convient pas.
MoquéEs, humiliéEs, discriminéEs, brutaliséEs, assassinéEs, assujettiEs à la toute puissance psychiatrique, excluEs le plus souvent du monde du travail, les trans’ restent le groupe dont l’identité peut être bafouée en toute impunité. Exclue du dispositif de la HALDE, la transphobie n’a tout simplement pas d’existence légale. Lutter contre elle, c’est donc lutter contre un fantôme ; un fantôme qui met en jeu la vie de nombreuses personnes et les prive purement et simplement de leurs droits.
Combien de suicides, de contaminations par le VIH et d’overdoses, combien d’agressions et de meurtres de trans’ faudra-t-il encore pour que l’on comprenne que si les trans’ multiplient les pratiques à risques dans leur vie quotidienne et, notamment dans leur sexualité, c’est en partie parce qu’elles & ils sont considéréEs comme des malades mentaux et un sujet de raillerie.
En Espagne, une publicité de cet acabit a déjà été retirée des écrans à la demande des associations trans’. En France, que fait le Bureau de vérification de la publicité (BVP), quand il ne fait pas semblant de s’effaroucher à la vue d’un poil pubien dans une publicité ? Le respect des minorités discriminées n’est-il pas digne de sa vigilance ?
Act Up-Paris exige :
– d’OPEL, des excuses publiques ainsi que le retrait définitif de cette publicité ;
– de l’agence de publicité, qu’elle finance une campagne sur les discriminations dont sont victimes au quotidien en France, les personnes transsexuelles et transgenres ;
– du BVP, qu’il nous fournisse des explications et que sa vigilance s’applique à toutes les discriminations exercées contre les minorités.
Act Up-Paris exige encore et toujours :
– la dépsychiatrisation de l’identité trans’;
– la réalisation d’études épidémiologiques et un état des lieux sur le VIH au sein de la communauté trans’;
– la mise en place de campagnes de prévention de l’infection à VIH ciblées envers notre communauté;
– le droit au respect et à la dignité et l’intégration de la transphobie dans la HALDE.