Hier mardi 7 septembre, un bâtiment à l’abandon occupé par des usagers de drogues, situé à la limite entre Paris et la Seine Saint-Denis, a été évacué par la police. Il s’agissait d’un squat en fonctionnement depuis plus d’une année dans lequel habitait en permanence une cinquantaine d’hommes et de femmes sans-abris mais dans lequel se trouvaient souvent rassemblées jusqu’à 250 personnes, dont 40% de femmes, en grande majorité usagères de drogues.
Depuis des mois, les associations qui sont intervenues sur le site, ou en relais des équipes de terrain, ont pris l’initiative d’accompagner cette population dans l’entrepôt et ont depuis le mois de novembre 2003 alerté les services de l’État sur la situation sanitaire et sociale des personnes et sur la réalité des violences internes générées par ce lieu.
Pour la première fois depuis plus de vingt ans, un processus de concertation préalable a permis d’assortir l’évacuation de mesures d’urgence sanitaires et sociales.
Toutefois cette action qui a mobilisé nos moyens et nos équipes reste ponctuelle et demeure dérisoire au regard de la gravité de la situation en termes sanitaires et humanitaires. Il ne faut pas en rester là.
Il ne s’agit pas pour nous, associations humanitaires, associations de la réduction des risques, associations de lutte contre le sida, groupes d’auto-support d’usagers de drogues, associations d’habitants solidaires des quartiers voisins, de défendre l’existence d’un tel lieu ; tout le monde s’accorde à dire qu’il était devenu dangereux pour ses occupants. Il s’agit pour nous de dénoncer l’absence de Politique Publique et de volonté politique capable d’agir contre l’inscription définitive d’une partie croissante de la population dans la grande marginalité.
Ces évènements mettent en lumière :
- La nécessité de diversifier le dispositif médico-social pour répondre aux enjeux posés par la massification, la complexité des conduites d’addiction, et l’extrême dénuement social associés aux pathologies somatiques et psychiatriques
- L’intérêt d’un nouveau dispositif public, complémentaire à l’existant, destiné à l’accueil d’usagers de drogues et encadré sur un plan sanitaire et social, avec la possibilité d’une consommation sur place, en s’inspirant des modèles voisins : allemand, espagnol, suisse.
En conséquence nous sollicitons l’ouverture rapide d’une réflexion collective avec l’ensemble des acteurs concernés, Etat et collectivités territoriales compris. Ce processus interrogera la pertinence du cadre législatif en vigueur en France (Loi du 31/12/70) pour améliorer la réduction des dommages liés aux consommations de drogues tant pour les usagers que pour l’environnement social et urbain.
Les signataires :
– Association intervenant dans le champ des drogues : Médecins du Monde, Coordination Toxicomanies 18, EGO Charonne, SOS Drogue International, AIDES, PROSES
– Groupes d’auto support : ASUD, Act Up-Paris
– Associations d’habitants des quartiers voisins : Stalingrad Quartier Libre, Association La Chapelle, Association Cactus Initiatives, Association Les Jardins d’Eole
– Avec le soutien de l’Association Française de Réduction des risques