A l’occasion du 8 mars, journée mondiale des femmes, Act Up-Paris a choisi de lancer une campagne de mobilisation car, aujourd’hui, les femmes sont en première ligne de l’épidémie de sida.
L’épidémie de sida se féminise. Martelons des chiffres que nous connaissons déjà et que les gouvernants connaissent aussi. En décembre 2002, l’OMS estime que la moitié des adultes séropositifs dans le monde sont des femmes. Il y a 10 ans, on dénombrait 1 femme pour 7 hommes parmi les cas de sida ; en 1998, c’est 1 femme pour 2,8 hommes atteints. Parmi les personnes contaminées en Afrique sub-saharienne, 58% sont des femmes, contaminées essentiellement par voie hétérosexuelle (chiffres ONUSIDA, décembre 2002). En France, en 2000, parmi les dépistés séropositifs, 52% étaient des femmes. Combien d’autres chiffres faudra-t-il pour réagir ? Faut-il aligner le nombre des morts homosexuels ou usagers de drogues pour atteindre une parité morbide et obtenir une réaction ? Les femmes passent aujourd’hui en première ligne de l’épidémie. Silence et discrimination se font les complices de la maladie. Silence d’un gouvernement qui ne se donne même pas la peine de mener de vraies campagnes de prévention en direction des femmes. Silence des laboratoires pharmaceutiques qui ne dépensent pas un sou pour adapter les posologies calculées pour des physiologies d’hommes. Silence des médecins-chercheurs qui négligent des effets secondaires alarmants. Silence des pharmaciens qui ne distribuent toujours pas les préservatifs féminins. Irresponsabilité des hommes qui font trop souvent aux femmes le chantage de l’érection menacée par le sexe protégé. Décalage intolérable entre le Nord et le Sud où les femmes n’existent même pas. Parce qu’à Act Up nous nous battons, contre ces silences et ces discriminations, contre le sexisme et contre le sida, nous avons choisi de crier notre colère sur les murs de Paris. De porter avec nos mots une parole de militantes, sans pathos ni anecdotes. A l’occasion du 8 mars, journée mondiale des femmes, Act Up-Paris a choisi de lancer une campagne de mobilisation à l’initiative de sa Commission femmes : – ce dossier dans Action ; – une campagne d’affichage sous le slogan SILENCE = MORTES avec une affiche diffusée massivement dans les rues de Paris et envoyée avec un communiqué aux médias, en particulier à la presse féminine, aux associations, aux syndicats et aux partis politiques ; – une soirée «Club Grrrls Care !» le vendredi 7 mars au Nouveau Casino (109 rue Oberkampf, Paris 11ème) avec une programmation féminine et au profit d’Act Up-Paris ; – des tee-shirts pour soutenir l’événement, réalisés par agnès b. et Isabel Marant et vendus au profit d’Act Up-Paris. Une campagne pour faire du 8 mars et de chaque jour qui passe une journée de révolte contre le sexisme institutionnalisé et l’attentisme de tous. Au-delà de ce premier coup de semonce, la commission femmes est engagée depuis plusieurs mois dans un travail interassociatif, aux côtés du Mouvement Français du Planning Familial, de Aides, de Sida Info Service et du Kiosque. Avec cette campagne et par ce travail de longue haleine, Act Up-Paris appelle à la mobilisation générale des femmes contre le sida. Dans un contexte de féminisation de l’épidémie, femmes médecins, femmes chercheurs, femmes pharmaciennes, femmes des médias, femmes politiques, femmes ministres, nous ne voulons pas que des mots, nous voulons des actes. Car silence = mortes.