Selon une étude italienne, les femmes coinfectées VIH – VHC ont plus de risques que les autres personnes traitées de souffrir de lipodystrophies.
Dans une étude récente, être une femme et être coinfectée VIH – VHC sont apparus comme étant des facteurs particulièrement aggravant du risque de déformations morphologiques. Avec cette étude multicentrique, les investigateurs cherchaient à déterminer la nature des différents facteurs de risques et la fréquence de survenue des problèmes d’altération de production des graisses chez les séropositifVEs, débutant un premier traitement antirétroviral. Les chercheurs de l’Institut de médecine tropicale et des maladies infectieuses de Milan ont recruté 655 séropositifVEs VIH, naïfVEs de traitement. Ces personnes ont été suivies pendant 86 semaines en moyenne après l’initiation de leur premier traitement antirétroviral. Résultats : la stavudine ressort comme un critère significatif de risques spécifiques de lipoatrophies (fonte des graisses). L’indinavir, en revanche, est lié à un risque accru de lipodystrophies (fontes et accumulations des graisses), ce qui était déjà connu depuis un certain temps. L’âge apparaît être aussi comme un facteur aggravant, ce qui semble compréhensible, mais les antécédents d’injection de drogues sont, eux, liés à une moindre fréquence de ces problèmes. Au total, 20% des patientEs au cours de cette étude ont subi au moins une déformation morphologique, ce qui confirme que les lipodystrophies sont des problèmes fréquents, survennant dès les premiers temps du traitement. La mauvaise surprise de cette étude vient donc de la confirmation de l’importance de deux facteurs de risques, être une femme et être coinfecté. Nous savions déjà que le virus de l’hépatite C peut être un facteur de lipodystrophies, notamment à cause des antécédents des traitements à base d’interféron. Cette étude nous apprend que la coinfection VIH – VHC, surtout chez les femmes, est une association particulièrement complexe, au point d’apparaître comme premier critère significatif dans cette étude.Problèmes «extra-hépatiques»
Nous savons que les femmes atteintes du VHC ont une fréquence plus élevée et surtout plus précoce par rapport aux hommes, des effets secondaires de l’hépatite, autrement nommés, problèmes «extra-hépatiques» (neuropathies, dérèglements hormonaux, ou douleurs musculaires). Dorénavant il faudra donc tenir compte de tous ces risques potentiels dès l’initiation d’un traitement antirétroviral adapté, mais aussi tout au long du suivi clinique. La nécessité de programmer suffisamment tôt un traitement antiviral VHC chez les femmes coinfectées devra sans doute précéder l’initiation d’un traitement antirétroviral VIH, si celui-ci n’est pas urgent. En matière de coinfection VIH – hépatites, comme en matière de VIH, comme en matière d’hépatites chroniques, les médecins brillent par leur ignorance de leur «clientèle» féminine. Il y a trop peu d’études en la matière. Pourtant, les cohortes existantes ne manquent pas. Encore faudrait-il que des chercheurs se soucient d’étudier les problèmes spécifiques des femmes malades. Chaque fois qu’on parle des femmes dans une étude de malades, c’est uniquement pour dire qu’elles représentent 25% des patients. Comme si ce seul critère suffisait aux chercheurSEs.