Si on vient de faire grand bruit d’une nouvelle épidémie de légionellose en Grande Bretagne ou que les ministères se sont alarmés de l’épidémie apparue l’an passé au centre hospitalier Georges Pompidou, ce n’est pas le cas des différents cas apparus ces derniers mois dans les établissements pénitentiaires français, dans l’indifférence générale.
La légionellose était déjà présente dans la prison de Nice il y a un an et demi. Les travaux n’ont été effectués qu’après le transfert de détenus car l’installation d’eau chaude était tellement vétuste qu’il était impossible de la traiter sans évacuer les détenus.
Au printemps dernier c’est à Villepinte, après qu’un détenu a été contaminé par la légionellose, que l’administration décide de faire des travaux. Jusque là, elle se contentait de fermer les douches. C’est un détenu séropositif qui nous a alarmés.
Il y a 10 jours, un cas a été diagnostiqué à la prison de Salon de Provence, et les travaux débutés, en interdisant aux détenus » d’utiliser l’eau chaude « . Pourtant cela faisait plusieurs jours que l’administration suspectait la légionellose. Là encore, on a attendu qu’un détenu soit contaminé.
Lorsqu’une épidémie de légionellose s’est installée au centre hospitalier Georges Pompidou, des moyens ont été immédiatement donnés et des travaux entrepris pour empêcher une contamination de l’ensemble des patients. Cette attitude responsable n’est pourtant pas celle qui est adoptée dans les établissements pénitentiaires : les travaux sont réalisés tardivement et avec parcimonie, les détenus sont prévenus toujours trop tard, après que des contaminations ont eu lieu, sans aucune action de prévention d’information.
Ces cas de légionellose n’arrivent pas par hasard : les réseaux d’eau et d’électricité, même dans ces centres modernes comme à Salon, sont vétustes et défectueux, les conditions d’hygiène désastreuses, notamment l’été. La population exposée, elle, est dans un état sanitaire fragile : forte prévalence du VHC et des autres hépatites, forte prévalence du VIH par rapport à la population française, personnes souffrant d’une mauvaise alimentation, de troubles cardiaques, etc.
L’insalubrité des prisons françaises a été dénoncée entre autres et à grand bruit par les deux rapports celui de l’Assemblée Nationale (La France face à ses prisons, juin 2000) et celui du Sénat (Une Humiliation pour la France, juin 2000), votés à l’unanimité par la droite et la gauche. Aujourd’hui cette insalubrité est toujours la même, et personne ne s’en émeut.
Le contexte est en effet aujourd’hui différent. Le gouvernement Raffarin a confisqué le débat sur la place de la prison dans notre société pour poursuivre un unique but : celui d’incarcérer encore plus (notamment les mineurs) et pour plus longtemps. Dans un souci de concrétiser à la hâte des promesses électorales, le gouvernement, fort de l’union pour la majorité présidentielle, légifère sans concertation en allant à l’encontre d’une unanimité qui prévalait deux ans auparavant, cette unanimité qui réclamait des prisons salubres, qui préconisait de ne pas incarcérer les mineurs, les usagers de drogues, les sans papiers, les personnes âgées, les malades.
Act Up-Paris exige :
– l’information immédiate à tous les détenus des cas de légionellose dans leurs établissements pénitentiaires
– l’information immédiate pour le service médical des moyens de contamination et des moyens de prévention de la légionellose.
– des travaux dans tous les établissements qui le nécessitent.
Act Up-Paris exige :
– la libération et la non incarcération des personnes atteintes de pathologies graves, des sans papiers, des usagers de drogues et de prostituées, ainsi que les mineurs ;
– l’accès aux soins, aux médicaments et aux examens médicaux de même qualité et dans les mêmes délais qu’en dehors de la détention ;
– un plan d’urgence sur la prévention et le traitement du VIH et des hépatites ;
– une réforme immédiate des grâces médicales.
Contact presse : Emmanuelle Cosse – 01 49 29 44 75