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En dépit de la mobilisation de plus de 50 pays, les Etats-Unis alliés au Canada, à la Suisse et au Japon bloquent actuellement les négociations à l’OMC destinées à permettre l’accès aux médicaments dans les pays pauvres. Les accords internationaux sur le commerce représentent en l’état une menace sanitaire mondiale. Cependant, et malgré l’effroyable propagation de l’épidémie de sida, les pays du Nord refusent d’entendre raison.

Si Mike Moore (directeur de l’OMC) et Robert Zoellick (Secrétaire américain au Commerce) se sont systématiquement opposés aux efforts des pays pauvres pour garantir le droit fondamental à la santé, Pascal Lamy (commissaire européen au Commerce), qui jusqu’ici a choisi l’ambiguïté, est aujourd’hui en position de mettre un terme à la logique criminelle de l’OMC.

Depuis lundi 22 octobre, le texte de la déclaration de Doha sur la propriété intellectuelle et l’accès aux médicaments a été mis en circulation. La totalité des demandes déposées par la coalition de 52 pays pauvres le 19 septembre à Genève qui vise à autoriser toutes les mesures de protection de la santé publique, y compris la production ou l’importation de médicaments génériques, est ignorée.
Une fois de plus les Etats-Unis et l’OMC se contentent d’une paraphrase délibérément floue des accords TRIPS et évitent de prendre une position claire et précise. Alors que les Etats-Unis envisagent eux-mêmes de copier le médicament contre l’anthrax breveté par Bayer au nom de l’urgence nationale et en raison de prix excessifs, ils continuent de refusent que soit reconnu le droit des pays pauvres à faire de même.

Pour Francisco Pessanha, responsable de la délégation brésilienne à Genève, «l’opinion publique doit tirer les conclusions du refus de l’OMC de protéger la Santé publique. » Tadeous Chifamba, négociateur pour le Zimbabwe, ajoute qu’il serait inquiétant que les accords de l’OMC sur la propriété intellectuelle puissent aggraver la situation pour des pays dont l’urgence immédiate est de répondre à l’hécatombe du sida. Si telle devait être l’issue du processus de Doha, les répercussions s’en feraient vraisemblablement sentir sur l’intégralité des négociations de l’OMC.

De son côté, l’Union européenne se contente jusqu’ici de propositions visant à rassurer l’industrie pharmaceutique et à renforcer son emprise sur l’accès aux médicaments en conditionnant juridiquement le recours aux génériques à des négociations préalables avec les détenteurs de brevets. Après 18 mois de consultation avec la société civile, l’Union européenne se montre toujours incapable de prendre, face aux multinationales, la défense, pourtant légitime, du droit des plus pauvres à la santé. Il y a deux semaines, le Parlement européen mandatait pourtant Pascal Lamy pour défende les demandes des pays pauvres à l’OMC.

Le commissaire Lamy portera une part majeure de responsabilité dans les décisions qui seront prises lors de la conférence ministérielle au Qatar.
10 000 personnes meurent chaque jour du sida, Pascal Lamy doit refuser le jeu des américains à l’OMC.