Le 8 juillet 1999 dans un communiqué de presse, Act Up-Paris condamnait les pressions exercées par le gouvernement américain a l’encontre des pays en développement qui tentent d’échapper au diktat de l’industrie pharmaceutique et se battent pour obtenir des traitements contre le sida pour l’instant inaccessibles du fait de leur prix prohibitif.
Aujourd’hui, le gouvernement U.S. est ébranlé dans sa campagne de soutien aveugle à l’industrie pharmaceutique.
Il y a quelques semaines, le vice-président et candidat aux élections américaines Al Gore, sous le feu constant des activistes, déclarait soutenir »les efforts de l’Afrique du Sud pour fournir à ses patients des médicaments contre le sida qui seraient vendus à des prix au moyen de patentes spéciales et d’importations parallèles, pour autant que ces efforts soient conformes aux accords commerciaux internationaux. »
C’est ce que vient de conclure un groupe d’experts auditionnés par le Congres américain fin juillet. Ce groupe a en outre reconnu l’iniquité des mécanismes de fixation des prix des médicaments aux Etats-Unis et a condamné les pressions commerciales américaines à l’encontre des pays du sud. Il a effectivement confirmé la légalité du recours aux importations parallèles ou aux licences obligatoires selon les règlements de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ce recours est largement exploité par certains pays européens mais dénoncé systématiquement par les Etats Unis lorsque il vient des pays du sud.
Les experts consultés ont également réfuté l’argument selon lequel la réduction des prix des médicaments menacerait directement la capacité de l’ industrie à jouer son rôle de découvreur de nouveaux médicaments, s’appuyant :
– sur le fait que les profits de l’industrie pharmaceutique américaine étaient parmi les plus élevés,
– sur les mensonges des laboratoires quant à leurs coûts d’investissements puisque nombreuses sont les molécules qu’ils exploitent et dont la découverte a, en réalité, été financée par le gouvernement américain,
– sur les sommes énormes dépensées par les laboratoires pour influencer le processus politique et réglementaire de leur pays.
Cette première victoire ouvre enfin la voie à une véritable prise de conscience des enjeux majeurs de santé publique qui se jouent actuellement autour des négociations des accords de l’OMC et sur lesquelles l’Organisation Mondiale de la Santé a tenté d’attirer l’attention en mai dernier lors de l’Assemblée Mondiale de la Santé.
En outre, elle est une première mise sur la sellette publique des pratiques scandaleuses et des compromis iniques auxquels se livrent certains responsables politiques sous l’influence du lobby industriel.
L’Union Européenne devra à son tour rendre publiquement des comptes sur ses positions à ce sujet, de même que les autres gouvernements occidentaux, à commencer par le gouvernement français.
Dans le contexte actuel de crise sanitaire internationale sans précédent, entraîné par le sida, nous ne tolérerons pas que les profits des multinationales priment sur la santé des populations.
Act Up-Paris exige que le Ministère des Finances français se positionne officiellement sur la question des licences obligatoires et des importations parallèles, ce qu’il s’est gardé de faire pour l’instant, et garantisse la défense des intérêts de santé publique dans les pays du sud lors des renégociations des accords de l’OMC à Seattle en janvier 2000.