L’Etat refuse l’accès aux tests de résistances. Lors d’une réunion au ministère de la santé, le 5 mars, François Bourdillon, chef de la section sida à la Direction des Hôpitaux, a réitéré son refus de favoriser un accès immédiat aux tests de résistances.
L’Etat refuse l’accès aux tests de résistances. Lors d’une réunion au ministère de la santé, le 5 mars, François Bourdillon, chef de la section sida à la Direction des Hôpitaux, a réitéré son refus de favoriser un accès immédiat aux tests de résistances. Les autorités sanitaires ont choisi l’attentisme, alors que ces tests sont nécessaires au suivi des patients.
La survenue de résistance du VIH aux traitements est synonyme d’échec thérapeutique, aggravée par l’importance des résistances croisées entre les antiviraux. Les tests de résistance, génotypiques et phénotypiques améliorent la pratique clinique en optimisant la puissance antivirale de la combinaison thérapeutique suivie par un patient : ils permettent la mise en évidence des résistances du VIH à tel ou tel antiviral, afin de choisir ceux qui doivent être utilisés. Ces tests sont de deux sortes, les génotypiques et les phénotypiques : les premiers déterminent les mutations dont le virus est porteur ; les seconds analyse sa capacité à résister aux traitements. Dans quatre cas de figures, le recours à un test génotypique s’impose, afin d’établir le profil de résistance et d’adapter la thérapie en conséquence : la transmission materno-foetale, les accidents d’exposition au sang, la primo-infection, et l’épidémiologie.
L’utilisation de test de résistance phénotypiques s’impose au fur et à mesure que s’étoffe le profil de résistance du virus (les mutations génétiques qui confèrent une résistance), car les génotests sont alors de moins en moins instructif sur les stratégies à suivre : ils sont donc essentiels dans les cas d’échappement viral à un traitement, afin d’éviter un nouvel échec dû aux résistances croisées, ainsi que pour les séropositifs nouvellement contaminés, afin de savoir s’ils sont infectés par un virus résistant. Plusieurs laboratoires ont développé des tests de résistance. La société Virco commercialise les tests génotypiques Vircogene(r) et le test phénotypique Antivirograme(r) ; la société Visible Genetic le test génotypique Actgène(r), la société ABI un autre test génotypique, et la société Murex le test Lipa(r).
Mais en raison du manque de moyens financiers, l’accès à ces tests est fortement restreint. Seuls quelques patients y ont accès lorsque des budgets de recherche sont utilisés pour leur achat. Un accès égal des séropositifs aux tests de résistance nécessite l’engagement financier de l’état. Or celui-ci le refuse, aux dépens de leur santé et de leur vie. L’utilisation de ces tests pour limiter les échecs thérapeutiques est d’autant plus urgent que les phénomènes de résistance vont grandissant. Ainsi, les contaminations par des virus résistants sont nombreuses et croissantes (Dr Yerli, Genève). Par ailleurs au moins 40 % des patients ont déjà eut un échappement viral à leur première tri thérapie (Dr Kazatchkine, Paris), faisant craindre, en raison de la succession de traitements inefficaces, une généralisation des mégas thérapies alors que déjà plus de 10 % des patients prennent plus de trois antirétroviraux (Direction des Hôpitaux). Les contraintes, la lourdeur et la toxicité de ces thérapies, altèrent rapidement les bénéfices thérapeutiques obtenus par les séropositifs qui suivent ces traitements.
De nombreux essais ont mis en évidence, rétrospectivement, la corrélation entre la présence de virus résistant lors de l’initiation d’un traitement et l’échec à ce traitement (études BVI 22, CNAAB 3008). Deux autres essais prospectifs (Viradapt, France et GART, USA) présentés à la dernière conférence de Chicago ont conclu que l’utilisation d’un test de résistance pour guide du choix des antiviraux apporte un bénéfice thérapeutique important (la diminution de la charge virale est plus forte lorsque ces tests sont utilisés)
Alors que des essais ont montré leur intérêt thérapeutique, le refus de financer les tests de résistance n’est plus justifiable. En 1996, le gouvernement de l’époque avait su réagir et débloquer des fonds pour mettre à disposition les antiprotéases. L’accès rapide à ces médicament a permis de sauver des vies et d’éviter de nombreuses hospitalisations.
Act Up-Paris exige un accès égal des séropositifs aux tests de résistances. Nous demandons au gouvernement de dégager dès maintenant les crédits nécessaires à la mise à disposition des tests de résistance. L’attentisme irresponsable de l’Etat attise notre colère.