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Quels sont les problèmes de menstruation rencontrées par les femmes séropositives ?

Des femmes séropositives ont rapporté subir toutes sortes de troubles de leurs règles (dysménorées) : règles irrégulières, plus fréquentes, plus abondantes, plus douloureuses, symptômes prémenstruels plus graves, perte de caillots de sang plus sombres que d’ordinaire ; le problème menstruel le plus habituel étant la disparition totale des règles, que l’on appelle aménorrhée. Les femmes souffrent alors de douleurs du pelvis, d’enflures des seins ou de vapeurs (changement de température).

Les règles abondantes provoquent, elles, une perte de sang excessive qui peut entraîner une chute des globules rouges (anémie). L’anémie se diagnostique par les symptômes suivants : fatigue, faiblesse et problèmes de respiration. Il est particulièrement important de surveiller ce problème car l’anémie peut également être provoquée par l’infection à VIH elle-même ou encore par les traitements pour combattre le virus.

L’infection à VIH est-elle responsable des problèmes menstruels ?

Les témoignages des femmes séropositives semblent l’indiquer, pourtant on ne sait pas avec certitude comment l’infection à VIH peut être responsable des troubles des menstruations.

Le système de reproduction féminin et le cycle menstruel répondent à des mécanismes très complexes. On sait que les hormones féminines (œstrogènes et progestérones) communiquent en partie avec le système immunitaire. On sait également que le VIH peut faire baisser le taux de testostérone (hormone masculine) chez les hommes séropositifs. Il semble donc logique de penser que les déficiences du système immunitaire liés au VIH peuvent entraîner des changements hormonaux chez les femmes séropositives provoquant notamment des irrégularités menstruelles.

Des études ont été réalisées sur le taux de testostérone des hommes séropositifs. Un taux de testostérone très bas entraîne une perte de muscle, de poids et d’une partie de la libido (appétit sexuel). L’injection d’hormones est un des moyens utilisé pour combler le déficit de testostérone. Il s’ensuit généralement un reprise de poids, les patients retrouvent leur libido et se sentent mieux après traitement.

La fonction des hormones féminines chez les femmes séropositives n’a pas, elle, été étudiée de manière adéquate. On considère que les maladies chroniques et la perte de poids sont des facteurs qui peuvent provoquer la disparition des règles et que pour ces raisons beaucoup de femmes qui sont à un stade très avancé du sida et qui ont perdu beaucoup de poids peuvent voir leurs règles disparaître.

Comment diagnostique-t-on les problèmes menstruels ?

Si vous constatez des irrégularités, des problèmes ou des changements dans votre cycle menstruel, consultez votre médecin. Il est fortement recommandé de voir un gynécologue ou un obstétricien et de faire des examens pelviens réguliers. Des analyses de sang pratiquées en cas de dérèglements hormonaux sont également nécessaires pour déterminer l’origine des dysménorées. Les problèmes menstruels peuvent affecter votre santé physique et vos émotions mais ils peuvent être diagnostiqués et traités.

Comment traite t-on les problèmes menstruels ?

Beaucoup de facteurs peuvent créer des dysménorées, c’est pourquoi un diagnostic précis est nécessaire.

Un taux d’œstrogènes bas peut indiquer un début de ménopause (théoriquement entre 45 et 55 ans) ou une ménopause prématurée (si des signes apparaissent avant 40 ans). Les symptômes de la ménopause – bouffées de chaleur, perte de la libido, arrêt de la lubrification vaginale, douleurs en urinant, insomnies et changements d’humeur – peuvent être traités et minimisés par l’injection d’hormones (œstrogènes, progestérones ou les deux). Toutefois l’œstrogène utilisé seul peut augmenter le risque de cancer utérin.

Le syndrome prémenstruel peut être traité de plusieurs façons. Le traitement inclut : repos, réduction du stress, apports de vitamines, sport régulier. Des médicaments ou des herbes diurétiques peuvent être utilisés, après avis du médecin, afin de réduire les problèmes de ballonnements et les douleurs des seins. De petites doses d’antidépresseur aident également certaines femmes à faire face aux fluctuations d’humeur. Contre les douleurs prémenstruelles ou menstruelles l’aspirine, l’Ibuprofène (Motrin ou Advil) ou le Naproxène (Naprosyne, Anaprox ou Alave) sont assez efficaces. Ces médicaments s’obtiennent sans ordonnance en pharmacies.

Les drogues peuvent-elles affecter les menstruations ?

Certaines drogues peuvent affecter les règles. L’héroïne peut provoquer leur disparition. La marijuana (à raison de plusieurs joints par jour) peut parfois occasionner une aménorée et une décharge laiteuse des seins. La cocaïne et la méthadone ne semblent pas avoir ces effets. Cependant la malnutrition entraînée par la perte d’appétit dûe à certaines consommations peuvent provoquer des aménorées.

Les traitements contre le VIH affectent-ils les menstruations ?

Les recherches cliniques menées sur les différents traitements disponibles actuellement, impliquant rarement ou insuffisamment des femmes et n’étant pas conçues pour étudier les problématiques spécifiquement féminines, ne permettent pas de répondre précisément à cette question. De façon empirique on constate cependant un lien de causalité entre la prise de traitements et l’apparition de troubles des menstruations.

C’est le cas avec le Mégace, une hormone féminine (progestérone), qui est utilisée pour le traitement du syndrome du dépérissement. Ce médicament officiellement approuvé semble pourtant avoir un effet néfaste sur les menstruations. Dix femmes seulement ont été recrutées pour participer aux essais cliniques de ce traitement mais toutes ont rapporté avoir des problèmes de menstruation. Les effets secondaires les plus courants de la progestérone sont des règles irrégulières et des saignements constants et abondants. On sait également que les femmes utilisant la progestérone comme moyen de contraception (Depo-provera ou Norplant) souffrent de maux de tête, de ballonnements ou de dépression.

Les médicaments antiviraux, utilisés contre le VIH comme l’AZT, le ddI, le ddC, et le d4T peuvent provoquer des problèmes menstruels. Cependant, peu de femmes ont pu participer aux essais cliniques et lorsque ce fut le cas ces femmes n’ont pas été interrogé sur ce type d’effet secondaire, ainsi, les données scientifiques disponibles restent-elles maigres.