Act Up-Paris, Aides, Sidaction et Solidarité Sida lancent un appel au gouvernement français à l’occasion de la conférence de presse du ministre de la Santé, M. Xavier Bertrand à Toronto. Les associations exigent du gouvernement, et en particulier de M. Philippe Douste-Blazy, qu’ils garantissent que l’initiative UNITAID soit en mesure d’acheter les médicaments anti-VIH les moins chers, et ainsi soigner le plus de malades possible.
En effet, lors d’une réunion organisée lundi 14 août à Toronto, le représentant de M. Philippe Douste-Blazy pour UNITAID, M. Jean Dussourd, a indiqué que la France envisage d’utiliser le produit de la taxe sur les billets d’avion pour acheter des médicaments même au prix fort – quitte à soigner moins de malades. Ainsi, le ministère des Affaires étrangères refuse de s’engager à ce qu’UNITAID achète systématiquement les médicaments au prix le plus bas possible.
Or ce sont les médicaments génériques qui ont permis de multiplier par 4 le nombre de malades sous traitement antirétroviral ces dernières années (chiffre OMS, initiative 3×5). En effet, ces médicaments sont entre 5 et 50 fois moins chers que leurs équivalents de marque.
Les laboratoires occidentaux détiennent des brevets sur les antirétroviraux qui empêchent l’entrée des génériques dans la plupart des pays en développement. S’il est vrai que l’OMC autorise aujourd’hui le contournement des brevets, grâce aux licences obligatoires, très peu de pays osent exercer leur droit à des médicaments abordables. Les gouvernements subissent des pressions de la part des Etats-Unis et de l’Europe, dont les laboratoires détiennent l’essentiel des brevets d’antirétroviraux. Le résultat de ces pressions est que les gouvernements préfèrent souvent payer les médicaments plus chers, au prix de nombreuses vies humaines.
Il y a donc le risque d’un énorme gâchis, si UNITAID s’accommode de cette scandaleuse réalité. C’est pourquoi les associations demandent que M. Philippe Douste-Blazy s’engage publiquement à ce que la taxe sur les billets d’avion ne soit pas gaspillée par l’achat de médicaments plus chers que nécessaire, y compris si cela nécessite l’utilisation de licences obligatoires.