Mi-février 2001, à l’initiative d’Act Up-Paris, des associations de lutte contre le sida et d’hébergement des personnes atteintes se sont réunies pour monter une plateforme interassociative (Act Up-Paris, Actions Traitements, ALTERNATHIV, Arcat sida, Aurore, Basiliade, Cité Saint Martin, Mijaos, PASTT, S.A.O/Amicale du Nid, Sol En Si, SOS Habitat et Soins).
L’objectif de cette plateforme, dans le cadre des municipales, était d’interpeller les candidats à la Mairie de Paris sur la situation dramatique des séropos sans logement dans la capitale. En effet, plus de 20 000 personnes séropositives sont soignées dans les hôpitaux parisiens. La commission Aspects sociaux d’Act Up-Paris suit parmi elles de nombreuses personnes rencontrant des difficultés de logement et pour lesquelles nous ne pouvons trouver que des solutions provisoires, ou un relogement loin de Paris. Cette situation a des conséquences graves sur leur état de santé : impossibilité à respecter les contraintes d’un traitement antirétroviral en vivant dans la rue ou étant mal logé ; difficultés à accomplir de longs trajets pour se rendre à l’hôpital quand on est atteint d’une pathologie grave.
Aujourd’hui, nous constatons que :
– les appartements sociaux sont en nombre totalement insuffisant à Paris et en région parisienne ;
– les minima sociaux (RMI, Allocation Adulte Handicapé, pension invalidité, etc.), de même que les handicaps ou les problèmes de santé ne constituent pas des garanties suffisantes pour les bailleurs sociaux ;
– certains bailleurs sociaux pratiquent des discriminations intolérables fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la nationalité, la taille et la composition de la famille, ou encore l’usage de drogues ;
– des dispositifs à l’origine provisoires (appartements thérapeutiques, appartements-relais, appartements d’insertion, hôtels sociaux) sont engorgés faute d’attribution de logement de droit commun ;
– l’attribution du Fonds de Solidarité Logement (FSL) prévu pour couvrir la caution et les impayés de loyer – connait de nombreux retards et dysfonctionnements.
C’est pourquoi, nous avons exigé des candidats aux municipales un engagement sur :
– l’augmentation massive et immédiate du nombre d’appartements sociaux disponibles sur Paris ;
– la prise en compte d’un taux d’incapacité COTOREP d’au moins 50 % comme critère de priorité ;
– la prise en compte du lieu où est soignée la personne dans le choix du logement ;
– la prise en compte des minima sociaux (RMI, AAH, pension invalidité, etc.) comme critère prioritaire et non discriminant ;
– la transparence des critères d’instruction des demandes, avec présence de représentants associatifs aux commissions d’attribution ;
– la création d’une commission de recours, qui sera particulièrement vigilante sur les refus non motivés et sur l’application du principe de non-discrimination ;
– la limitation des délais d’attribution à trois mois maximum, (ce qui éviterait l’engorgement des structures provisoires d’hébergement);
– la création d’une allocation de maintien dans les lieux, prenant immédiatement le relais en cas d’impayé de loyer, et venant compléter le dispositif FSL.
Bertrand Delanoë qui avait répondu à nos revendications est maintenant le nouveau Maire de Paris. Aujourd’hui, toutes les structures, quelle que soit leur spécificité, sont totalement saturées. Plus personne ne trouve de solutions d’hébergement aux demandes qui affluent. La nouvelle équipe municipale doit donc intervenir en urgence et ne pas se contenter de grands effets d’annonce de campagne.