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Qui de nous deux aurait pu imaginer dans cette chambre d’hôpital, il y a trois ans, que nous nous retrouverions co-PrésidentEs ?

L’une posait des « perfs ». L’autre alité, en échec thérapeutique ne voyait pas comment sortir de la précarité dans laquelle la maladie l’avait jeté. L’une militait au sein de la commission drogues et usages d’Act Up-Paris, et veillait à défendre les minorités, les populations exposées en première ligne. L’autre était multimillionnaire en charge virale, avait des CD4 dans les chaussettes et un kaposi qui l’empêchait d’avancer depuis plusieurs années. C’était pas gagné ! Mais il aura pourtant suffit de quelques mots pour que la curiosité et surtout l’envie de se battre lui fassent pousser la porte des permanences d’Act Up-Paris. Depuis il y est resté et s’est investi. Car c’est ici que nous pouvons faire avancer les choses. Agir et obtenir que la parole des malades soit entendue, que nos droits soient respectés et évoluent. Ne pas accepter sans rien faire, ne pas se résigner et se battre. Toujours se battre. A raison, Une ancienne présidente disait récemment : « Act Up-Paris est le meilleur antirétroviral ! » Et les raisons de se battre sont nombreuses : les droits acquis depuis 20 ans et la prise en charge des malades sont remis en question avec les réformes du système de santé, les expulsions de malades augmentent les quotas, l’accès aux soins pour tous est un objectif loin d’être atteint, la hausse des contaminations se poursuit inlassablement… En 2007, lors du sommet du G8, Nicolas Sarkozy s’était engagé à ce qu’en 2010 touTEs les malades du sida dans les pays en développement aient accès à un traitement. Encore une promesse qui ne sera pas tenue. Aujourd’hui unE séropositifVE sur trois a accès à un traitement. Alors que le Fond Mondial a encore besoin de 5 milliards d’euros, le gouvernement français se désengage et préfère renflouer les caisses du Fond Monétaire International. Pour les dirigeantEs françaiSEs unE actionnaire qui s’enrichit compte plus qu’unE malade du sida. Le Conseil national du sida (CNS) vient de remettre un avis sur l’intérêt des traitements comme outil de prévention. Il s’agit là d’un avis mesuré, mais faut-il le rappeler ? le préservatif est un moyen efficace de se protéger du VIH/sida, et le traitement reste un outil complémentaire. (N’en déplaise à ce cher Ratzinger, à un certain journaliste fantaisiste et incompétent ou à d’autres qui voudraient faire dire à cet avis ce qu’il ne dit pas). En 2009 on meurt toujours du sida. 6 000 personnes par jour au niveau mondial. En France, 6 500 personnes sont infectées chaque année. 80% de la population mondiale n’a toujours pas accès aux préservatifs. Dans notre communauté, un gay sur cinq est séropositif. On ne peut pas se permettre de laisser croire que le pire est derrière nous et qu’on peut faire n’importe quoi parce que des traitements existent. Cette année, nous sommes au regret de vous annoncer les 20 ans d’Act Up-Paris. Si d’ordinaire on se réjouit d’un anniversaire, nous ne pouvons nous empêcher de croire que c’est vingt ans de trop et que cette épidémie a assez duré. C’est la raison pour laquelle nous saisirons cette occasion à travers diverses manifestations pour soulever les questions politiques que continue de poser cette épidémie (spectacles, concert, projets éditoriaux et audiovisuels, etc.). Pour mener à bien tous ces projets, une équipe soudée et combattante aux compétences complémentaires a été élue début avril : Jérôme Martin qui a déjà fait l’expérience de la présidence, impliqué depuis plusieurs années dans la commission International, se retrouve trésorier. Jonas Le Bail engagé sur les questions Trans devient Secrétaire Général, Sylvain Morin coordinateur chargé de la prévention a quant à lui été élu Vice Président. Ensemble, nous continuerons à nous battre et nous comptons sur vous à nos côtés pour que cesse cette hécatombe et que soient prises en compte toutes les minorités dans la lutte contre le sida.

 

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