Act Up-Paris a participé le 29 mars à la marche vers l’Elysée organisée par le collectif « Ni pauvre, ni soumis » pour revendiquer un revenu d’existence décent pour les personnes qui ne peuvent pas ou plus travailler. A cette occasion, nous revenons sur les liens étroits qu’entretiennent séropositivité, handicap, emploi et précarité.
Séropositivité, handicap et emploi.
La marche du collectif Ni pauvre, ni soumis revendiquait un revenu d’existence décent pour les personnes qui ne peuvent pas ou ne peuvent plus travailler, c’est-à-dire un revenu personnel égal au montant du SMIC brut. Nous associer à cette action était pour nous une évidence : 50 % des personnes vivant avec le VIH en France vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 22 % n’ont pas de logement.[[Voir l’enquête ANRS-VESPA.]]
Il faut encore le réaffirmer : vivre avec le sida est un handicap et l’infection à VIH reste mortelle. Elle expose à une grande fatigue et à des maladies opportunistes graves quand elle est mal contrôlée. S’il existe des traitements, leur efficacité n’est pas définitive et leurs effets indésirables sont toujours trop lourds : diarrhées, vomissements, douleurs articulaires, problèmes dermatologiques, insomnies, déséquilibre de la répartition des graisses (qui déforme les silhouettes et cause des accidents cardio-vasculaires), ostéoporose (qui provoque des fractures spontanées), ménopause précoce, etc.
L’infection à VIH expose aussi à des handicaps qui empêchent de travailler. Et le monde de l’emploi n’est guère accueillant pour des personnes « non rentables » comme des malades, surtout quand leur affection les expose à de nombreuses stigmatisations, comme c’est le cas avec le sida[[Voir l’enquête de Sida Info Service sur les discriminations des séropositifVEs.]].
Dès lors, comment envisager, pour les séropositifVEs qui le souhaitent, un accès ou un retour à l’emploi après des années d’inactivité dûe à la maladie, compte tenu des fortes discriminations existant à leur encontre dans le monde du travail et de l’inadaptation de celui-ci à leur état de santé et à leurs aptitudes ?
VIH, reconnaissance du handicap et critères d’attribution de l’AAH.
Les handicaps liés au VIH et les répercussions qu’ils ont sur nos vies sont au mieux sous-estimés, au pire ignorés, voire niés. Les critères actuels d’attribution d’une reconnaissance de handicap ne correspondent absolument pas à la situation vécue par les malades du sida. Les Maisons Départementales des Personnes Handicapées (MDPH) ne jouent pas leur rôle et se moquent bien de l’avenir des malades qui devraient être leur usagerEs.
Aujourd’hui, bénéficier de l’Allocation Adulte Handicapé (l’AAH, qui est réservée aux personnes n’ayant pas assez cotisé au régime classique de la sécurité sociale), relève du parcours du combattant. Son montant – même après les récentes annonces de Nicolas Sarkozy – reste totalement insuffisant (628,10 euros au 1er janvier 2008, qui serait revu aux environs de 650 euros en septembre). Quant à la pension d’invalidité – dont bénéficient les personnes qui ont suffisamment cotisé – elle s’élève, au maximum à 50 % du salaire moyen des dix meilleures années de cotisation, ce qui représente une très nette diminution de leurs ressources.
Les déclarations de Nicolas Sarkozy à Tarbes[[Télécharger le document sur le site de l’Elysée.]], fin mars, sont particulièrement inquiétantes : tout laisse à croire que les critères d’attribution seront encore durcis pour réduire le nombre de bénéficiaires et ainsi reprendre d’une main ce qui aura été donné de l’autre.
Par ailleurs, dès que les examens biologiques d’unE malade s’améliorent, cette prestation est remise en cause sans aucune considération pour l’état de santé global de la personne, et pour son cadre de vie. Il s’agit donc bien d’une politique de retour forcé au travail pour des personnes gravement malades, que l’on tient pour des « parasites » ou des « assistéEs ».
Ainsi, nombre d’entre nous, faute d’une prise en compte du handicap lié à la maladie, n’ont pas le « privilège » de bénéficier de l’AAH ou d’une pension d’invalidité et se retrouvent au RMI. Aujourd’hui en France, 50 % des séropositifVEs vivent au-dessous du seuil de pauvreté et 22 % n’ont pas de logement personnel.
Il n’est plus à prouver que la précarité grandissante des malades anéantit aujourd’hui les progrès accomplis hier sur le plan thérapeutique. En promettant une revalorisation ridicule de l’AAH et la remise au travail des handicapéEs, Nicolas Sarkozy démontre son mépris des personnes handicapées.
Nos revendications
– La revalorisation de tous les minima sociaux au niveau du SMIC brut ;
– L’augmentation de la pension d’invalidité ;
– Une appréciation du taux de handicap pour la reconnaissance de l’AAH adaptée aux situations réelles des séropositifVEs.