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Chaque mercredi Act Up tient une pemanence des droits sociaux (PDS) et accueillent des séropositifs embourbés dans des situations abérantes. Cette rubrique est une sorte de baromètre social des séropositifs.

Revenus du travail et AAH

M. X est intermittent du spectacle et séropositif depuis de nombreuses années. Il a toujours travaillé. Fin 2006, fatigué, épuisé, son médecin traitant lui remplit un dossier MDPH (Maison départementale des personnes handicapées), mais sans attendre les délibérations, et à bout de force, M. X ne peut poursuivre son travail. Il obtient en mars 2007 un taux d’invalidité compris entre 50 et 79 % ainsi que l’AAH. Malheureusement, et selon les critères retenus par la CAF, M. X ne percevra son AAH qu’à partir de janvier 2008 et se retrouve jusque-là avec le RMI pour seule ressource. La CAF se base sur les ressources de l’année de référence, soit 2006, qui fut une année travaillée pour M. X Nous accompagnons beaucoup de personnes avec des dossiers similaires : une AAH octroyée administrativement et un versement qui ne se fait pas, car les revenus perçus dépassent le plafond de l’AAH.

Macabre coïncidence

M. C est venu nous voir pour la première fois à la PDS en février 2007. Séropositif et atteint d’un cancer, il nous a sollicité pour l’aider dans ses démarches auprès de la MDPH afin de faire sa demande de carte d’invalidité et d’AAH. Nous lui avons apporté les informations qu’il devait connaître sur la manière de bien faire remplir son dossier médical. Au regard de ses pathologies précédentes, et du fait qu’il connaît bien son médecin traitant (qui le suit depuis nombre d’années) il était confiant sur la manière dont le volet médical serait rempli par son médecin. De plus, son état de santé ne fait aucun doute quant à la justification de sa demande, le cancer pour lequel il a déjà été traité, nécessite une nouvelle hospitalisation au mois d’avril. Nous ne le reverrons qu’en juin après son opération. Son meilleur ami nous apprendra entre-temps que le rendez-vous avec son médecin traitant s’est mal passé, que M. C se sentant trahi, s’est totalement renfermé sur lui-même. Lors de notre rencontre en juin, M. C nous apporte son dossier médical rempli par son médecin. Le constat est accablant : le dossier médical est pratiquement vide et, en l’état, le dossier ne passera jamais. Nous l’invitons à retourner voir son médecin pour qu’il lui explique que le volet médical doit être exhaustif et qu’il détaille, au minimum tous les effets secondaires dont il souffre. Le rendez-vous se termine mais nous sentons bien qu’il ne reviendra pas. Octobre 2007 : nous apprenons que M. C s’est suicidé après avoir appris que son cancer était de nouveau actif et qu’il devait être hospitalisé rapidement. Nous nous interrogeons : jusqu’à quel point le comportement de ce médecin a conduit à la totale perte de confiance en soi de ce malade ? Perte de confiance en son médecin qui le laisse face à un avenir thérapeutique devenu inconnu, incertain et même hostile, le conduisant vers cet ultime acte désespéré.

Pressions financières

M. L a découvert sa séropositivité en 1998, suite à un malaise au travail. Hospitalisé en urgence, il se bat contre la maladie depuis de nombreuses années, il est actuellement sous multithérapie. Nous le suivons dans le cadre de la PDS depuis 2002 et avons participé à son relogement grâce au dispositif de la PILS. Il nous a recontactés dernièrement pour des démarches concernant la redevance télé et la taxe d’habitation. M. L vit d’une pension d’invalidité et d’un complément FSL (fonds de solidarité logement) ; il est reconnu en invalidité à 80 % et bénéficie de diverses aides de prestation de compensation. M. L nous a appris qu’il avait attenté à ses jours, voulant en finir de tout en se jetant sous une rame de métro. Ce n’est pas son combat contre la maladie qui a motivé son geste, mais ses problèmes financiers et les difficultés à faire face aux charges de la vie quotidienne. De plus en plus de malades relatent cette détresse sociale. Combien de malades séropositifs font une tentative de suicide ? La tendance est-elle en augmentation ? Il serait temps que les pouvoirs publics se penchent sur cette question, plutôt que d’élaborer des lois qui surchargeront encore la barque des plus défavorisés, tant financièrement que moralement.

Cet état de fait n’est pas une fatalité. Rejoignez Act Up-Paris. TouTEs ensemble nous nous retrouvons le mardi soir à 19h30 à l’Ecole des Beaux Arts, 14 rue Bonaparte, Paris VIème et pour faire avancer des dossiers sociaux, le mercredi à 12h au local d’Act Up-Paris.