La nouvelle commission Jeunes se saisit de la question de l’installation de distributeurs de préservatifs dans les lycées de France, défendue depuis 1992 tant au sein d’Act Up-Paris que dans le cadre institutionnel.
Le 26 juin 1992, Jack Lang, ministre de l’Education nationale et de la Culture invite les chefs d’établissement à envisager l’installation de distributeurs de préservatifs dans leur établissement. Tout indique d’ailleurs que cette mesure rencontre l’assentiment du plus grand nombre qu’il s’agisse des élèves ou de leurs parents. Le ministère considère alors que cette démarche doit s’appuyer sur les conditions précises suivantes : l’installation de distributeurs de préservatifs n’est envisageable que dans les lycées, qu’ils soient d’enseignement général, technique et professionnel ; les proviseurs qui désirent adopter cette solution doivent, au préalable, engager une concertation, non seulement avec l’ensemble de la communauté éducative, mais aussi et tout particulièrement avec les parents d’élèves. En tout état de cause, le proviseur doit consulter le Conseil d’Administration de l’établissement. L’opération doit s’accompagner d’une journée d’information et d’une remise de documents relatifs à l’éducation à la santé sur lesquels les autorités académiques auront été conseillées ; cette action doit se situer dans le cadre d’une démarche globale d’éducation à la santé.
Le 16 mars 1993, Jack Lang, toujours ministre de l’Education nationale et de la Culture, écrit en direction des lycées et collèges qu’ « à ce jour, 500 distributeurs devraient être en place et que ce nombre devrait augmenter dans les mois qui viennent. »
En 1994, la commission Education nationale d’Act Up-Paris rencontre M. Castella, conseiller de François Bayrou chargé des dossiers sida et toxicomanie, lequel estime que « les distributeurs de préservatifs sont inutiles parce que les élèves ne s’en servent pas ou jouent avec les préservatifs dans la cour ».
En 1996, Act Up-Paris signe avec les syndicats FEN, FCPE, SNESUP.FSU, et SNUASEN.FSU, une plateforme de revendications demandant la mise à disposition du matériel de sexe sans risque (préservatifs, lubrifiants à base d’eau et carrées de latex adéquats), dans des lieux visibles et accessibles, et demande une « réaffirmation publique de la part du ministre de l’Education nationale [François Bayrou] de promouvoir l’installation de distributeurs de préservatifs, et de rendre ceux-ci obligatoires, dans tous les collèges et lycées publics et privés. »
Le 1er décembre 2005, le président de la République émet le vœu de voir les établissements scolaires s’équiper de distributeurs de préservatifs.
Le 11 décembre 2006 est signé le décret n°2006-204, qui affirme qu’ « il est nécessaire de renforcer l’accès des élèves aux moyens de protection en programmant, dans les lycées, l’installation de distributeurs automatiques de préservatifs aisément accessibles et maintenus en bon état de marche et d’approvisionnement. », en s’appuyant sur « l’instance opérationnelle de prévention de l’établissement que constitue le comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC). L’une de ses missions est de mettre en œuvre un programme d’éducation à la santé et à la sexualité et de prévention des comportements à risques. Dès lors, il constitue le lieu le plus approprié pour mobiliser l’ensemble de la communauté éducative, en particulier les parents d’élèves et les lycéens eux-mêmes, et pour construire les partenariats les plus efficaces avec les associations et les institutions compétentes à proximité de l’établissement scolaire.
C’est ainsi que le CESC de chaque lycée doit proposer rapidement au Conseil d’Administration un plan global d’actions de prévention dans lequel l’installation d’un distributeur de préservatifs s’inscrira naturellement. L’installation de tels distributeurs doit, en effet, faire l’objet d’un accord du Conseil d’Administration, conformément à l’article 16 du décret n° 85-924 du 30 août 1985. »
Et pendant que les adultes légifèrent, les lycéens de France se contaminent…
Malgré ces déclarations et ces mesures, ainsi que l’accord de la plupart des syndicats d’élèves, d’enseignants et de parents d’élèves, à ce jour moins de la moitié des lycées de France sont équipés de distributeurs de préservatifs, et on ne peut pas garantir qu’ils marchent, qu’ils soient approvisionnés, et qu’il vendent des préservatifs à un prix réduit…
Et pourtant, les jeunes entre 15 et 24 ans constituent encore 12 % des découvertes de séropositivité VIH notifiées. Et la proportion de contaminations récentes (moins de 6 mois avant le diagnostic) est plus élevée chez les 15-24 ans (40 %) que chez les 25 ans et plus (31 %). (Données INVS du 30 juin 2004).
L’installation des distributeurs de préservatifs, si elle n’est qu’un pas dans la mise en place d’une politique réellement efficace de prévention à destination spécifique des jeunes, est nécessaire et plus qu’urgente, pour la prise en main par les jeunes de leur protection.
C’est pourquoi la commission Jeunes exige que soient installés dans TOUS les lycées de France des distributeurs de matériel de prévention ; ces distributeurs doivent être clairement signalés, alimentés régulièrement et leurs emplacements doivent respecter le besoin d’intimité des jeunes.
Bientôt dans Action et dans vos lycées : suite et résultat de notre travail.