Depuis cet été, nous recevons des messages inquiétants qui nous signalent la fermeture de Centre de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) de ville à compter du 1er janvier 2006 (à Toulouse, Bayonne, Nîmes, Boulogne-sur-Mer, dans le 92, etc.). Les subventions qu’accordaient jusqu’alors les conseils généraux à ces structures n’ont pas été renouvelées.
Ce désengagement est la conséquence d’une loi adoptée dans l’indifférence générale en août 2004[[Loi relative aux libertés et aux responsabilités locales du 13 Août 2004.]] qui confie à l’État l’entière responsabilité des campagnes de prévention et de lutte contre les grandes maladies. Dans ce nouveau contexte, les collectivités territoriales qui le souhaitent, en particulier les départements, peuvent signer des conventions avec l’État pour garder certaines de ces compétences.
Début septembre, nous avons demandé au ministère de la Santé de nous indiquer les Conseils généraux qui ont choisi de se désengager et les dispositions qu’il avait
prises afin d’assurer l’accès au dépistage anonyme et gratuit. En réponse, la DGS a adressé le 5 octobre un courrier aux associations : « Ces activités (de dépistage) […] vont être confiées à des établissements ou organismes habilités par les DDASS[[Direction départementale des affaires sanitaires et sociales.]] en tenant compte des besoins locaux. Outre les hôpitaux qui peuvent reprendre cette compétence, un décret en cours de parution élargit aux structures ayant un agrément de centre de santé […] la possibilité d’ouvrir un CDAG ».
Depuis, le ministère n‘a pas fourni la liste des établissements agréés : le décret
promis n’est pas sorti. La procédure de transfert des crédits alloués aux conseils généraux vers les hôpitaux qui reprendront une partie de la file active des CDAG qui seront fermés n’est pas encore bouclée.
La recentralisation telle qu’elle a été conduite risque de renforcer l’offre de dépistage hospitalier au détriment de structures en ville, ce qui limite considérablement l’accès au dépistage[[Cela demande aux personnes de se rendre à l’hôpital ce qui n’a rien d’évident, d’indiquer à l’accueil qu’elles viennent pour un test de dépistage parce que les horaires d’ouverture d’un CDAG hospitalier sont fréquemment limités.]]. En outre, des expériences pilotes de dépistage « hors les murs » du CDAG, menées en partenariat avec des associations, sont interrompues.
L’État n’a pas du tout anticipé les conséquences de la recentralisation des centres de dépistages anonymes et gratuits. L’incurie des pouvoirs publics nous a fait perdre l’occasion d’une réforme ambitieuse de ce dispositif. À quoi bon faire des campagnes d’incitation au dépistage alors même qu’on en réduit l’accès ?