Il y a un an, nous déclarions que face au sida et au Covid, nous restions inébranlables dans notre détermination, pour que cesse cette hécatombe. À une année de distance, jour pour jour, rejoignez-nous pour poursuivre le combat. À la précarité sanitaire, nous opposons une riposte communautaire.

act up paris

Le 1er décembre est la journée mondiale de lutte contre le VIH-sida.
D’ordinaire, c’est une journée pour se souvenir de nos mort·E·s mais dans ce contexte pandémique, elle nous permet également de faire le point sur la lutte contre le VIH-sida, alors que l’attention générale est portée sur l’épidémie de Covid.

Le Covid a mis en évidence les failles majeures du système de santé et la volonté des politiques de vouloir le privatiser.
Nous, usager·E·s du système de santé, souhaitons réaffirmer notre soutien aux soignant·E·s en lutte.

Si le Covid a démontré à la population que les inégalités de santé et les précarités étaient structurantes de notre société,
si l’ on n’a probablement jamais autant parlé de la santé publique,
si l’on a pu nous dire que « nous sommes en guerre »,
le VIH-sida n’a jamais été autant invisibilisé.

Avant d’évoquer le souvenir de nos mort·E·s, nous sommes obligé·E·s de revenir sur les conséquences du Covid dans nos luttes.

Au-delà de notre invisibilisation, la chute du nombre de dépistages du fait de la crise sanitaire liée au Covid-19 est le présage d’un retard dans la découverte de personnes contaminées, de leur mise sous traitement, de leur prise en charge, des impasses thérapeutiques et une hausse probable des contaminations, sans parler des effets délétères sur la santé mentale.

Cette baisse des dépistages touche avant tout les populations les plus exposées :
les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les personnes nées à l’étranger, les travailleur·SE·s du sexe, les personnes trans, les usager·E·s de drogues (UDI) et les personnes incarcérées.

Face à ce retard, un rebond s’impose, et il ne peut passer que par des décisions politiques ambitieuses et immédiates.

Nous exigeons aujourd’hui des prises de positions nettes des élu·E·s, au niveau local et national

. Les personnes nées à l’étranger constituent la première population touchée par les contaminations en France. Les conditions d’accueil, la précarité, les violences sexuelles sont les principaux facteurs de contaminations. De plus, ces personnes font face à une maltraitance administrative organisée pour empêcher leur accès aux droits.

L’État à travers l’Office français d’intégration et d’immigration (OFII) instrumentalise la santé à des fins de contrôle. Les personnes nées à l’étranger séropositives ou touchées par d’autres maladies se heurtent à un système malhonnête et opaque, incarné par la Bibliothèque d’information sur les pays d’origine (BISPO). Le conseil d’État n’a pas été en mesure de la rendre publique car elle n’existe pas, mais souligne pourtant qu’elle a existé.

L’État permet donc à l’OFII d’agir en toute impunité, en se basant sur une bibliothèque fantôme, hors du cadre de la loi, pour débouter et déporter le plus de personnes possible, alors même qu’elles ne pourront pas se soigner dans leur pays d’origine.

Il est urgent que l’OFII et le ministère de l’intérieur soient privés de la compétence d’examen et d’avis sur les étranger·E·s malades et que le ministère des Solidarité et de la Santé reprenne la main sur ce sujet. L’OFII n’est pas le seul organisme qui pratique l’opacité, la Caisse nationale d’assurance maladie pratique également le culte du secret. Ses lettres réseaux, directives internes qui permettent la mise en œuvre des lois non seulement pour les personnes étrangères malades mais également pour le reste de la population ne sont pas publiques et dans les faits impossibles à consulter.

Il est manifeste que l’accès à la santé et le recours aux droits font l’objet de pratiques illégales et contraires à l’éthique. Les personnes nées à l’étranger ne sont pas les seules victimes de la préemption de compétences par le ministère de l’intérieur. Concernant l’usage des drogues, la situation est catastrophique.

Les politiques prohibitionnistes, les postures virilistes, moralisatrices et martiales nous plongent encore plus loin dans le désastre. Là aussi, il est urgent que le ministère des Solidarités et de la Santé reprenne la main sur ce sujet pour la mise en place de véritables campagnes de prévention et une politique nationale de réduction des risques pour les usager·E·s de drogues. Nous rappelons qu’il est nécessaire de garantir aux usager·E·s de drogue un accès aux droits sociaux et au logement.

Alors que nous venons de commémorer le TDOR, les agressions, violences, meurtres et assassinats transphobes sont en hausse, comme les suicides : la transphobie d’État pousse certain·E·s d’entre nous à attenter à leurs jours.

Les barrières administratives, la psychiatrisation constante, les difficultés d’accès à un logement, à un emploi constituent une spirale infernale

L’épidémie de COVID et ses conséquences tant sanitaires qu’économiques et sociales ont frappé de plein fouet la communauté trans.

Seule la réponse communautaire a permis de rompre l’isolement, d’accéder à des soins, à un logement, mais aussi à de la nourriture, de pallier la précarité.

L’attaque systématique du droit à la santé alors qu’il devrait être pour toutes inaliénable relève le validisme profond qui structure notre société capitaliste et hétéro patriarcale.

Que nous soyons séropos, malades chroniques, handi·E·s, nos vies sont jugées, estimées, hiérarchisées entre « productifs » et « improductifs » et leur valeur différenciée selon que nous dérogeons à la norme valida-centrée et à ses exigences de rentabilité.

La lutte pour la déconjugalisation de l’AAH (Allocation Adulte handicapé) que nous menons est un exemple du validisme d’État qu’il nous faut combattre.

L’obstination idéologique de ce gouvernement à naturaliser les inégalités et les rapports de domination structurels n’a qu’un but : le désengager de ses responsabilités alors qu’il défend des lois injustes qui nous vulnérabilisent jusque dans nos couples et renouvelle les conditions de notre oppression.

Nous n’accepterons jamais que notre droit l’autonomie et à l’autodétermination soit assujetti au revenu d’un.E autre et que ceuxCELLES parmi nous qui doivent vivre avec l’AAH, déjà assigné·E·s par l’État à la pauvreté, soit plus longtemps contraint·E·s à une dépendance financière infantilisante et dangereuse dans leurs couples.

Les prisons et lieux d’enfermement sont toujours des endroits où la santé et l’accès aux soins sont quasiment inexistants et dépendent du bon vouloir de l’administration pénitentiaire.

Alors que la loi santé de 2016 prescrit une égalité en terme de réduction des risques, les personnes détenues n’ont toujours pas accès à des seringues stériles.

Tant que les lieux d’enfermement et de rétention resteront des lieux de mise en danger sanitaire et d’exposition au VIH-sida nous exigeons leur abolition.

Les travailleuses du sexe qui sont sans doute les personnes les plus précisées par la pandémie du covid sont également parmi les plus vulnérables au VIH.

La loi de pénalisation des clients, les arrêtés anti-prostitutions, l’absence de chômage partiel et la violence exercée par les partis et les personnalités politiques créent une situation catastrophique.

Depuis l’application de le loi de 2016, 33% des travailleurs du sexe déclarent avoir des difficultés à imposer le port du préservatif.

Après les amendes pour racolage, pour stationnement, les travailleur·SE·s du sexe ont du braver les couvre feux car personne ne peut s’arrêter de travailler six mois sans aides.

Alors les décisions politiques se font attendre, certain·E·s prétendent qu’une politique des mémoires et des plaques commémoratives ferait avancer la lutte contre le sida.
Nous souhaitons être clair·E·s :

Les plaques commémoratives ne nous soignent pas
Les plaques commémoratives ne nous protègent pas des contaminations
Les plaques commémoratives ne nous protègent pas des discriminations
Les plaques commémoratives ne nous protègent pas des élu·E·s complices des politiques réactionnaires faisant le lit de l’épidémie.

Toutes les plaques du monde ne sauraient nous faire oublier qu’Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris, est complice du VIH-sida.

Le procès attenté à notre ancien président, les vagues de harcèlement de représentant·E·s du PCF que nous subissons autour de cette affaire illustrent les oppositions politiques violentes auxquelles fait face la lutte contre le VIH-sida.

Il y a un an, nous déclarions que face au sida et au Covid, nous restions inébranlables dans notre détermination, pour que cesse cette hécatombe

À une année de distance, jour pour jour, rejoignez-nous pour poursuivre le combat.
À la précarité sanitaire, nous opposons une riposte communautaire.

Les 1ers co-signataires :

Act Up Sud-Ouest

Actions Traitements

Afrique Avenir
Fransgenre
Gras Politique
Handi- Social
Le COMPAS
Le FLIRT
Le STRASS
les Dévalideuses
Les Grenades
Les ours de Paris
Les soeurs de la Perpétuelle Indulgence du Couvent de Paname
Objectif Autonomie
UCL Grand Paris Sud
XY Media