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30 ans déjà, 30 ans que nous nous battons sans relâche et pourtant nous sommes toujours là.

30 ans qu’on hurle, 30 ans qu’on marche dans les rues, 30 ans qu’on compte nos morts.es, s’en est assez !

Etant une jeune lesbienne fraîchement arrivée à Act Up Paris, il y a des situations qui m’indignent encore aujourd’hui.

Par exemple il m’est parfois arrivée de me retrouver avec des amies ou des collègues, qui, quand on abordait la question des rapports sexuels me demandaient « pourquoi personne ne s’est pris la peine de nous expliquer à nous, les lesbiennes, comment se protéger ? Ça devrait être le cas dès notre adolescence mais aucun enseignant n’en a le courage, par peur de choquer ».

Ce genre de situation m’irrite car on se retrouve seule, confrontées à nous-mêmes, car les personnes supposées nous prévenir ne remplissent pas leur mission.

Je pense aux institutions publiques chargées de la santé qui ne s’intéressent pas à nous et qui ferment les yeux sur nos réalités.

Je pense aux établissements scolaires, qui, par peur d’offusquer quelques parents homophobes, ne trouvent pas l’ambition de faire de la prévention envers les homosexuelLEs qui se cachent dans les classes et qui se retrouveront peut-être à l’avenir face à cette fatalité qu’est celle d’être une personne séropositive.

Ces « nous », ce sont les femmes cis mais aussi toutes les autres femmes dont mes pensées leurs sont particulièrement destinées.

Je pense à mes sœurs trans, ces femmes remplies de courage face à la violence sociétale et institutionnelle à laquelle elles sont exposées au quotidien.

Ces femmes dont la légitimité de leurs places au sein de la gent féminine est régulièrement remise en question par quelques pseudo-féministes qui ont oubliées que le féminisme concerne toutes les femmes, peu importent leurs origines, peu importe leur identité de genre (je pense notamment aux personnes non binaires, intersexe, genderfluid etc…).

Je pense aussi particulièrement aux travailleuses du sexe, dont le gouvernement ne se soucie guère, malgré les nombreux appels à l’aide, malgré le nombre de mortes qui s’allonge, et leur combat toujours aussi symbolique avec une force inégalée.

Car comme on le répétera jamais assez à Act Up Paris :

Silence = Morte car silencier une partie des femmes sous des prétextes idéologiques ou d’incompréhension c’est les mener à la mort et Information = Pouvoir car permettre la prévention pour touTEs, c’est permettre de prendre le pouvoir sur nos corps et notre santé.

 

Emilie D.

Militante à Act Up-Paris