Cette journée était marquée par une session très importante concernant la prévention, qui faisait une revue des nouveaux résultats d’essais PrEPs chez les singes et les femmes.

L’incidence globale dans l’essai fut de 5,7 %, avec de grandes différences selon les sites de l’essai. Mais surtout, ce résultat d’incidence montre l’efficacité plus que relative des stratégies de PrEP. Le tenofovir + emtricitabine ne montre aucun signe d’efficacité, le gel tenofovir une très légère différence d’incidence (5,9 %, contre 6,8 % dans le bras placebo), et pire encore, le tenofovir seul s’est avéré moins efficace que son placebo (6,3 % d’incidence, contre seulement 4,2 % dans le bras placebo), l’essai ayant ainsi vraisemblablement provoqué des contaminations, à l’instar de l’essai FemPrEP, qui, lui, avait été arrêté prématurément…
Ainsi, l’efficacité du tenofovir dans ce contexte est de -48,8 %, celle de la bithérapie tenofovir+emtricitabine de -4,2 % et de 14,7 % pour le gel…
Ces résultats sont attribués par les investigateurs de l’étude à une observance très faible (les médicaments étaient indétectables chez une majorité de participantes), impliquant selon eux que la priorité, avant de penser implémenter les PrEPs, est de connaître les déterminants psycho-sociaux de l’observance et de la perception du risque… On se dit que cela fait beaucoup de contaminations pour une telle conclusion.
Enfin, les résultats montrent un véritable gap d’efficacité entre femmes mariées et non-mariées (les secondes ayant connu une incidence 2 à 7 fois plus élevée selon les pays), et aussi selon l’âge (les femmes de moins de 25 ans ayant connu une incidence plus de deux fois supérieures à celle des femmes plus âgées).
Cet essai est une preuve supplémentaire que les stratégies actuelles de PrEP testées chez l’homme ou la femme ne sont pas adaptées à leur sexualité, avec cependant quelques variations selon les contextes (gays, femmes au sud, etc.). Dans tous les cas, la question de l’observance est l’obstacle principal, obstacle qu’on tente parfois de faire passer pour secondaire (comme si on était sûr de le régler) en citant, comme Robert Grant dans la même session, les résultats des quelques participants parfaitement observants (soit moins de 1 % des personnes dans l’essai Iprex…).
À l’extérieur, des activistes américains contre les profits de GILEAD et pour l’accès aux soins.
Vers 13h30, à l’extérieur du centre de conférence, une vingtaine d’activistes de l’AHF (Aids Healthcare Foundation) et de la HCV Coalition manifestaient contre les tarifs pratiqués par le laboratoire GILEAD, avec une banderole au logo de GILEAD barré, sur lequel était sur-imprimé « GREED » (« rapacité »). Ils dénonçaient notamment les prix pratiqués sur certaines molécules anciennes comme le truvada® ou l’atripla®. Dans un communiqué, ils rappellent les profits records du laboratoire et évoquent le nouveau médicament de GILEAD, le quad (commercialisé sous le nom de Stribild aux États-Unis, qui coûterait d’ores-et-déjà 28500$ par an et par patient, soit plus d’argent que le revenu annuel de la plupart des séropos américains.
Act Up-Paris reçoit des dons de Boerhinher-Ingelheim ; Bristol Myers Squibb ; Gilead ; Janssen ; MSD ; Sanofi-Aventis ; ViiV Healthcare. Cependant, Act Up-Paris refuse les partenariats avec elles, et donc un fléchage des dons sur une activité particulière. Nous considérons ces dons comme une dette de sang des firmes envers les malades.