En 2005, quinze ans après la disparition de l’homosexualité de la liste des maladies mentales [[Le DSM (Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorders), manuel de référence de la psychiatrie Nord-américaine, retirait en 1973 l’homosexualité de sa liste des pathologies mentales, mais créait une catégorie réservée aux « troubles de l’orientation sexuelle », qui visait en réalité les homosexuels. Cette seconde catégorie a été définitivement retirée en 1980.]], est né l’IDAHO (International Day Against Homophobia), la journée internationale de lutte contre l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie. Depuis, chaque 17 mai, les discours institutionnels de la lutte contre l’homophobie refleurissent.
Pourtant, en 2011, trente ans après la dépénalisation de l’homosexualité en France, et après 30 ans d’épidémie de VIH-Sida, tout reste à faire.
En France, la tendance est à la banalisation des discours homophobes, comme les insultes impunies de Christian Vanneste, député du Nord pour qui « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’Humanité », ou les demi-excuses de Nora Berra, secrétaire d’état à la santé qui parlait de l’homosexualité comme « facteur de risque dans la transmission du virus du SIDA.
Les LGBT (Lesbiennes, gays, biEs, Trans) sont toujours discriminéEs.
Le mariage entre personnes du même sexe est obstinément rejeté par une droite qui ne cesse de lui opposer sa conception de la « famille traditionnelle », constituée d’une « altérité sexuelle » présentée comme « essentielle ».
Cette conception renvoie à des principes religieux[[Sur ce point les diverses religions représentées au Comité de bioéthique convergent.]], ceux-là même qui ont guidé l’élaboration des lois de bioéthique.
Parmi les 160 personnalités auditionnées par les rédacteurs du rapport, les trois grandes religions (chrétiens, juifs et musulmans) avaient leurs représentants et leurs alliés « anonymes ». Tous ont mis en lumière leur positionnement vis-à-vis de nos vies et de notre accès à la parentalité via les techniques de procréation médicalement assisté. Ces techniques nous sont refusées, car, à leurs yeux et aux yeux de la majorité parlementaire actuelle, elles sont conçues comme un moyen de consolidation des familles traditionnelles connaissant des difficultés à procréer.
La PMA (Procréation médicale assistée), selon cette conception, ne devrait apporter de réponse qu’aux seuls problèmes médicaux, et ne pourrait en aucun cas répondre aux désirs des individus, qui plus est lorsqu’ils entendent fonder une famille jugée « incomplète ». Ainsi, sous couvert de neutralité médicale, les lois de bioéthique tracent arbitrairement la frontière sociale des familles légitimes et illégitimes et permet à la religion de nous exclure comme elle l’a d’ailleurs toujours fait.
Face à ces attaques, aux freins que les politiques et les religieux tentent d’opposer à nos libertés, nous continuerons à opposer nos luttes, et nous ne laisserons pas un gouvernement qui ne cesse de gagner des galons dans la xénophobie, l’homophobie, la transphobie et la sérophobie, gérer nos vies et celles de nos enfants.
À ceux qui nous servent chaque année de grands discours d’auto-congratulation sur les avancées du droit des homosexuelLEs dans le monde, nous opposons que nous sommes toujours, y compris en France, des sous-citoyenEs.
Certes, nous avons quelques droits durement acquis, comme celui de recourir à un sous-contrat de mariage. Le PACS n’offre que peu de protection à nos couples et nos familles, et le mariage, l’adoption et la PMA nous restent interdits.
Pour nous, l’égalité des choix devant le mariage et devant la parentalité se justifie doublement.
Tout d’abord, il s’agit d’une question de principe : un État se réclamant «des droits de l’homme » ne peut tolérer en son sein une catégorie de sous citoyens.
L’égalité des droits, l’égalité des choix ne se discutent pas.
De plus, à Act Up-Paris, nous bénéficions maintenant de vingt années d’expertise scientifique et militante qui démontrent que l’amélioration des conditions sanitaires des minorités sexuelles est directement corrélée à l’acquisition de droits : un lien existe entre la relégation des minorités à des droits de seconde zone, le climat général d’homophobie et la prévalence de l’épidémie de VIH-Sida chez ces minorités.
Nous ne cesserons de répéter que l’absence d’égalité des droits pour les minorités fait le jeu de l’épidémie.
Pour toutes ces raisons, nous exigeons l’accès au mariage, à l’adoption et aux PMA, et plus généralement l’égalité des droits pour touTEs. Pour cela, IDAHO ou non, nous continuerons à nous battre chaque jour pour que les discours se traduisent en lois et en droits bien réels, pour que soient respectées les minorités dans tous leurs espaces de vie (au travail, dans la rue, à l’école, etc.).
Non, l’IDAHO n’est pas le signe d’un monde plus ouvert, il est au contraire le symptôme de la perpétuation de l’homophobie, des discussions de bistrot jusqu’aux rangs de l’Assemblée Nationale.