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Nous avons demandé à chaque parti politique ses positions sur l’homophobie. Dans l’hypothèse où un membre d’un parti aurait des propos discriminatoires sur les pédés, les gouines, les bis ou les trans, comment chaque responsable réagirait ? Nous publions les réponses écrites que nous avons reçues, à l’exception de celle de Nicolas Sarkozy qui est antérieure à notre démarche, mais qui faisait suite à un premier courrier d’Act Up envoyé immédiatement après les premiers propos homophobes de Christian Vanneste à l’Assemblée nationale en décembre 2004.

Lettre de Nicolas Sarkozy, président de l’UMP

Adressée à Jérôme Martin, Président d’Act Up-Paris UMP1-2.jpgUMP2.jpg Paris, le 17 décembre 2004 Monsieur le Président, C’est avec une attention toute particulière que j’ai pris connaissance de votre lettre du 9 décembre et je vous en remercie. Je suis particulièrement attaché, depuis plusieurs années, à toutes les questions relatives aux droits des homosexuels dans notre pays. Mes réflexions, tant personnelles que politiques, m’ont conduit à prendre parti et à engager de nombreuses décisions dans ce domaine. Dès mon arrivée au Ministère de l’intérieur, j’ai exigé que les forces de l’ordre fassent preuve d’une extrême sévérité à l’encontre de tout acte homophobe. Au Ministère de l’Economie, j’ai souhaité introduire dans le projet de budget 2005 une réforme fiscale du PACS, afin que les couples pacsés aient le même statut fiscal que les couples mariés. Il me paraît logique, en effet, qu’il soit possible de faire une déclaration fiscale commune dès la première année du PACS et que, comme les couples mariés, les couples pacsés bénéficient d’un abattement de 20% sur la valeur de vente de la résidence en cas de succession. Enfin, en tant que candidat à la Présidence de l’UMP, j’ai souhaité que l’association Gay Lib, associée à l’UMP, soit représentée lors du congrès du 28 novembre au Bourget. En oute, le débat sur les nouvelles structures familiales a été abordé lors des forums. A mon sens, l’homosexualité n’est pas un statut mais une identité. En tant que telle, ses droits et ses devoirs doivent être reconnus et défendus. Or, le combat pour le respect de chaque identité est une priorité de notre pays. Une identité humiliée est, en effet, une identité radicalisée et ne saurait être toléré. L’un de mes premiers actes politiques, en tant que Président de l’UMP, a été de prendre position en faveur de dispositions législatives renforçant la lutte contre l’homophobie. Je me suis engagé personnellement, avec force et détermination, pour que l’amendement Garraud soit retiré de la discussion du projet de loi portant création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité. Il me paraissait essentiel que toute association qui a pour objet la défense des droits des homosexuels puisse porter plainte pour injure ou diffamation à caractère sexiste ou homophobe. Le renforcement de la lutte contre l’homophobie est l’objectif de ce texte. Il convenait de ne pas le dénaturer. J’ai reçu, à cette occasion, des messages de soutien et de remerciement de la part d’associations comme l’Interactive Gay, Lesbienne, Bi et Trans [sic] et Gay Lib. J’ai toujours lutté, et je poursuivrai ce combat de tous les jours, contre l’homophobie et en faveur des droits des couples et des personnes homosexuelles. Dans la réflexion, comme dans les faits, j’ai inscrit le débat sur « les différences» à l’ordre du jour de l’UMP. Bien entendu, je déplore les débordements verbaux qui ont pu avoir lieu au cours des récents débats qui se sont tenus à l’Assemblée Nationale. Je ne peux que regretter que des propos aient pu heurter et blesser certains de nos concitoyens. Toutefois, il faut désormais aborder ces questions avec sérénité et responsabilité. Aujourd’hui, je souhaite que l’UMP soit cette formation politique moderne où l’on puisse débattre de tous les sujets qui sont ceux de la France du XXIème siècle. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de mes sentiments les meilleurs. [mention manuscrite] Je suis à votre disposition pour m’en entretenir avec vous. Nicolas Sarkozy

Courrier de André Rossinot, président du Parti Radical

Adressé à Monsieur Richard Basterman, vice-président d’Act Up-Paris PR.jpg Paris, le 23 mars 2005 Monsieur le vice-président, C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance de la lettre que vous m’avez récemment adressée. Je vous remercie sincèrement de la confiance que vous me témoignez ainsi. Fidèles à leurs valeurs d’humanisme et de respect, les membres du Parti radical condamnent les propos blessants de M. Christian Vanneste. Naturellement, j’ai évoqué cette affaire avec Jean-Luc Roméro, président de Aujourd’hui, Autrement et membre du bureau national du Parti radical. Nos status, dans leur titre VII, articles 32 à 37, permettent de prendre les sanctions qui s’imposent dans de telles circonstances. Je vous prie d’agréer, monsieur le Vice-président, l’expression de mes sentiments les meilleurs. André Rossinot

Courrier de Jean-Michel Baylet, président du Parti Radical de Gauche

Adressé à Madame Richard Basterman, vice-présidente d’Act Up-Paris PRG.jpg Paris, le 23 mars 2005 Chère amie, votre courrier de ce 7 mars a retenu toute mon attention et je vous remercie de m’avoir fait part de vos légitimes préoccupation sur l’homophobie en France. Tout d’abord je vous confirme que le PRG a fermement condamné les propos du député UMP incriminé et participé officiellement à la manifestation organisée à Lille par les associations homosexuelles. Ensuite, je vous rappelle qu’il y a quelques années un parlementaire radical de gauche avait été exclu pour écrit des propos semblables à ceux de cet élu du Nord. Enfin, j’ai demandé à notre vice président Alain Tourret de vous rencontrer très rapidement afin de travailler ensemble à inscrire de façon plus manifeste la lutte contre la xénophobie et l’homophobie dans nos statuts. Soyez assurée, chère amie, de l’expression de mes sentiments républicains les plus cordiaux. Jean-Michel Baylet.

Courrier électronique de Margarita Modroño-Zin El Abidine, Secrétaire nationale aux questions de société du Mouvement Républicain et Citoyen

MRC.jpg Date : samedi 2 avril 2005 Bonjour, Monsieur Sarre m’a transmis votre courrier pour réponse. je vous prie d’excuser mon retard à vous répondre, mais nous sommes un petit parti, sans permanent et de surcroît en campagne ! Je vous remercie donc d’être indulgent sur les délais, même si de mon côté je vous promets de faire un effort pour ne plus trop tarder à vous répondre. Avec mes salutations distinguées, Margarita Modroño-Zin El Abidine Secrétaire nationale aux questions de société du MRC

Lettre de Arlette Laguiller, Lutte ouvrière

Adressée à Monsieur Richard Basterman, vice-président d’Act Up-Paris LO.jpg Paris, le 14 avril 2005 Monsieur, j’ai bien reçu votre courrier du 7 mars et votre relance par fax du 31 mars. J’étais en tournée de meetings dans toute la France et mon emploi du temps chargé m’a empêchée de vous répondre plus tôt. Je tiens à m’associer à votre condamnation des propos du député UMP du Nord Christian Vanneste, notament «le comportement homosexuel est une menace pour la survie de l’humanité», «l’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité», prononcés à l’Assemblée nationale et dans les médias. Nous sommes contre toute discrimination basée sur «l’orientation sexuelle» des personnes, qu’elles soient ou non partisanes de nos idées et de notre combat politique. Mais nous n’avons jamais éprouvé le besoin d’en faire un article de nos statuts tant le refus de ce type de discrimination nous semble aller de soi pour des militants qui défendent des idées communistes. Pour nous, les questions de comportement sexuel relèvent de la vie privée, pour autant bien entendu qu’elles ne soient pas attentatoires à la liberté ou à la dignité du ou de la partenaire. En conséquence, nous sommes opposées à toute forme d’homophobie et, à bien plus forte raison, à toute forme d’oppression et de répression dans ce domaine. Recevez, Monsieur, mes meilleures salutations. Arlette Laguiller

Courrier électronique de Roberto, Ligue Communiste Révolutionnaire

LCR.jpg Date : vendredi 29 avril 2005 Bonjour, Réponse tardive à votre courrier du 7 mars et relance du 31 mars sur nos dispositions statutaires de notre organisation sur les propos homophobes. Vous trouverez, ci-dessous, l’alinéa des thèses de notre dernier congrès sur les droits sociaux pour les lesbiennes et les gays ainsi que sur la lutte contre l’homophobie. Vous trouverez, aussi, en fichier joint, les statuts de la LCR dont les articles 4.11 et 4.12 s’appliqueraient si un de nos membres avait un comportement contradictoire avec ce qui est énoncé ci-dessous. 5.3. Après avoir obtenu l’abrogation des lois discriminatoires qui leur interdisaient les droits démocratiques élémentaires, les lesbiennes et les gays luttent légitimement pour l’accès à tous les droits sociaux, y compris ceux (par exemple le mariage, l’adoption, les droits de la famille) qu’ensemble homos et hétéros doivent radicalement modifier. A cette lutte s’ajoute celle contre l’homophobie par laquelle il s’agit d’obtenir que dans toutes les sphères de la vie sociale les manifestations de mépris, de haine et de rejet homophobes soient stigmatisées et combattues. Fraternellement Pour la LCR, Roberto

Lettre de Adeline Hazan, Secrétaire nationale au Droits de l’Homme et aux libertés, Parti Socialiste

Adressée à Madame Richard Basterman, vice-présidente d’Act Up-Paris PS.jpg Paris, le 3 mai 2005 Madame, Nous avons bien reçu votre courrier en date du 7 mars dernier. Comme vous le savez, le PS a condamné les propos tenus à l’Assemblée nationale, et réitérés, par le député UMP Christian Vanneste. Si M. Sarkozy s’est engagé publiquement à prendre des mesures disciplinaires contre M. Vanneste, il est alors de sa responsabilité de chef de parti de s’y tenir. Le PS est vivement engagé dans la lutte contre l’homophobie, et s’est notamment résolument impliqué dans le combat en faveur de la création de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits, ainsi qu’en soutien aux dispositions condamnant les propos homophobes et sexistes au même titre que ceux racistes et antisémites. Le PS ne possède pas de dispositions statutaires permettant de condamner les actes et propos haineux et d’en faire un motif d’exclusion. Il est bien rappelé que dans la déclaration de principe adjointe à notre statuts que le PS «affirme l’égalité de tous les citoyens et récuse toute mesure discriminatoire fondée sur le sexe, la race, les convictions philosophiques ou religieuses, les choix de vies personnels» (article 6). De plus, il est mentionné au titre 15 de nos statuts l’existence d’une charte éthique, laquelle permettrait « que la transparence, le respect des lois, soient assurés par tous, militants et élus» (article 15.1). Malheureusement, cette charte n’a pas encore vu le jour, mais je veillerai à ce que dans son élaboration la question de la lutte contre les propos et actes haineux y soit incluse. Pour autant, je tiens à souligner que de tels actes ou propos pourraient tout à fait faire l’objet d’une action contre celui qui en serait responsable auprès des instances compétentes et donc déboucher sur des sanctions sans que cela ne soit expressément prévu dans nos statuts. Espérant que cela répondra à vos attentes et me tenant à votre disposition si vous souhaitez aller plus loin dans ce débat, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes plus cordiales salutations. Adeline Hazan

Lettre de François Bayrou, président de l’UDF

Adressée à Monsieur Richard Basterman, vice-présidente d’Act Up-Paris UDF.jpg Paris le 3 mai 2005 Monsieur, vos précédents courriers ne sont bien parvenus et je vous en remercie. Pardonnez-moi de vous répondre aussi tardivement. Comme vous le savez, notre famille politique est particulièrement attachée au respect de la personne humaine et des minorités et à ce titre, elle considère l’homophobie comme une discrimination inacceptable, au même titre que le racisme et l’antisémitisme. Un amendement visant à sanctionner plus sévèrement les crimes et délits à caractère homophobe a d’ailleurs été adopté grâce au groupe UDF. A mes yeux, aucun membre de notre mouvement n’est susceptible de tenir des propos homophobes, a foritiori aucun parlementaire dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Permettez-moi donc de m’interroger sur l’utilité ou la pertinence d’introduire dans notre réglement intérieur ou nos statuts une disposition visant à exclure une personne tenant des propos à caractère raciste ou homophobe. Soyez assuré que la lutte contre la discrimination est au cœur de notre engagement, et que nous restons vigilant notamment avec Philippe Meynard, en charge de ces questions au sein de notre mouvement. Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes sentiments cordiaux. François Bayrou

Lettre de Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste français

Adressée à Richard Basterman, vice-présidente d’Act Up-Paris PCF.jpg Paris, le 17 mai 2005 Madame, j’ai bien reçu votre courrier, et je vous prie de m’excuser de ma réponse tardive. Dans votre lettre vous rappelez les propos homophobes, scandaleux et violents de Mr Vanneste. En ce qui nous concerne, la lutte contre les discriminations fait partie de nos valeurs fondatrices, nous la menons avec constance et détermination. Dans le préambule de nos statuts, nous rappelons ce qui réunit les communistes : «leur engagement politique — écrivons-nous — a pour raison d’être de promouvoir la pleine autonomie et le plein épanouissement de chaque femme et chaque homme en faisant reculer, jusqu’à leur dépassement, toutes les formes sociales d’exploitation, de domination et d’aliénation.» Dans ce cadre, en tant que députée, j’ai d’ailleurs déposé une proposition de loi visant à combattre l’incitation à la haine homophobe, lesbophobe, transphobe que je vous joins. Par ailleurs, votre souci est déjà honoré dans nos status. En effet, il y est écrit : « les seuls motifs d’exclusion du Parti communiste sont la mise en cause délibérée des valeurs fondamentales d’intégrité et de dignité humaine, la corruption, ainsi que l’appartenance à un autre parti politique». Le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la lesbophobie sont évidemment des atteintes aux valeurs fondamentales d’intégrité et de dignité humaine. Pour autant, je considère que notre meilleure façon de lutter contre ces phénomènes gravissimes reste de mener le débat politique et d’œuvrer quotidiennement à un meilleur ensemble. Recevez, Madame, l’expression de mes salutations distinguées. Marie-George Buffet

Lettre de Pierre Serne, responsable de la commission LGBT des Verts

Le 25 mai 2005 Verts.jpg Monsieur, Vous avez saisi les Verts, par un courrier du 7 mars dernier et suite aux scandaleux propos homophobes du député Vanneste, des dispositifs existant dans notre parti pour exclure un éventuel adhérent qui se rendrait coupable du même type de faits. Force est de constater que les statuts des Verts ne prévoient pas expressément ce cas de figure et que, globalement, il est très difficile d’exclure un membre de notre parti en dehors de cas de violences physiques. Il pourrait y avoir des sanctions, évidemment, mais nous aurions beaucoup de mal à aller jusqu’à l’exclusion en nous fondant sur nos statuts. Cela pose problème. Les Verts étant engagés dans un processus de réforme statutaire qui devrait aboutir d’ici quelques mois, il paraît possible et souhaitable d’inclure dans nos statuts une clause permettant d’exclure de notre mouvement un adhérent qui se serait rendu coupable de propos homophobes (et tout aussi bien lesbophobes, transphobes, sexistes, etc. bref discriminatoires). Je vais le proposer aux instances qui travaillent en ce moment sur ces questions et vous tiendrai, bien sûr, au courant du résultat de cette démarche. Veuillez recevoir, Monsieur, tes mes encouragements pour vos actions et mes salutations les meilleures. Pierre Serne Copie : Yann Wehrling, secrétaire national des Verts.