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Les associations signataires de ce communiqué [Coordination Toxicomanies 18 ; Charonne ; EGO ; SOS DI ; Proses ; AIDES Ile-de-France ; Médecins du monde ; Act Up-Paris ; les Jardins d’Éole ; La Chapelle ; Stalingrad quartier libre]] dénoncent l’expulsion imminente des toxicomanes en errance réfugiés dans un bâtiment de la SNCF du 18ème arrondissement après [l’évacuation du squat de Saint-Denis.

Une réunion provoquée par le Président de la Mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie (MILDT) le 18 octobre dernier avait permis d’émettre de véritables perspectives capables de construire une rupture avec la logique de renforcement de l’exclusion de cette population qui est aujourd’hui à l’œuvre. Cette politique ne fait que renforcer l’insécurité urbaine, la peur et la stigmatisation des habitants des quartiers et renvoie les usagers de drogues dans la marginalité. Il s’agit aujourd’hui de mettre courageusement en pratique les principes d’actions énoncés dans cette réunion. Nous attendons des services de l’Etat et de la Ville de Paris cette mise en œuvre.

Compte tenu des besoins humanitaires révélés par ces occupations mais aussi dans la crainte des tensions que pourrait générer un retour massif de ces usagers en grande précarité dans les quartiers populaires du Nord-Est Parisien, nous, associations humanitaires, associations de la réduction des risques, associations de lutte contre le sida, groupes d’auto-support d’usagers de drogues, associations d’habitants solidaires des quartiers voisins demandons :
– que l’évacuation du squat soit concomitante à la mise en œuvre d’un dispositif socio-sanitaire d’urgence et temporaire située dans des algecos spécifiquement dédiés ;
– que ce dispositif soit installé dans le 18ème arrondissement conformément aux engagements pris par l’Etat, la Ville de Paris, et le Maire d’arrondissement le 18 octobre dernier.

L’absence de mise en œuvre de ces engagements entacherait gravement la crédibilité de la démarche de collaboration engagée autour de la prise en charge des problèmes liés au crack dans le Nord Est parisien et annoncée très justement comme prioritaire dans le plan quinquennal de la MILDT.

Rappel des faits

7 septembre évacuation d’un squat principalement utilisé par des toxicomanes très marginalisés sur une emprise SNCF à la frontière de Paris et de Saint-Denis sur le site dit «Dubois Nord». Les associations accompagnent cette évacuation tout en dénonçant dans un communiqué de presse l’absence totale de perspectives pour les personnes expulsées et en s’interrogeant sur les deux possibilités qui s’offrent à elles : le retour dans les espaces publics et privés des quartiers environnants et l’ouverture d’un nouveau lieu au moins aussi dangereux.

8 septembre ouverture d’un nouveau squat sur une autre emprise SNCF située 29 boulevard Ney à l’intérieur de Paris.

20 septembre Coordination Toxicomanies 18 (CT18) organise un premier repérage sur le nouveau site. Le bâtiment squatté est dangereux du fait de très nombreuses installations électriques, il ne compte ni sanitaires ni arrivée d’eau mais c’est surtout son accès qui inquiète les observateurs puisqu’il nécessite d’escalader des murs et des grilles, d’emprunter des balustrades situées à 10 mètres du sol et de traverser des voies ferrées en service.

7 octobre après avoir alerté les services de l’Etat sur la dangerosité du site, le collectif d’associations émet un nouveau communiqué exigeant la mise en œuvre d’un dispositif d’urgence pour accueillir les squatters ainsi que le lancement d’une réflexion de fond sur la nécessité de développer des solutions novatrices pour le travail en direction de ce public.

8 octobre lors du «Forum Toxicomanie» organisé par la Mairie de Paris, Daniel Vaillant, Maire du 18ème arrondissement, appelle publiquement de ses vœux la mise en œuvre d’un dispositif temporaire vu l’urgence humanitaire et se dit prêt à assumer ses responsabilités en accueillant ce dispositif sur le territoire de son arrondissement.

16 octobre Didier Jayle président de la MILDT (Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue et la Toxicomanie) se rend sur les lieux accompagné de la CT18.

18 octobre réunion à la MILDT regroupant une cinquantaine d’acteurs (MILDT, préfectures de Paris et du 93, mairies d’arrondissement, mairie centrale, SNCF, police, associations de réduction des risques, groupes d’auto-suppport, associations de riverains). Daniel Vaillant en accord avec Alain Losthis réitère ses souhaits et ses engagements tandis que Didier Jayle déclare que cette situation exige la mise en œuvre en urgence d’une solution transitoire acceptable d’un point de vue humanitaire. Deux solutions sont envisagées : la sécurisation du squat actuel ou l’installation d’ALGECO sur un site à proximité. La première étant catégoriquement rejetée par la SNCF pour des questions de sécurité, c’est finalement la seconde qui est retenue et actée par l’ensemble des participants.

19 octobre une visite est organisée par Mme Darmaillac, chef de projet Toxicomanie, sur un site susceptible d’accueillir des ALGECO : les terrains de «l’Evangile» situés de l’autre côté des voies par rapport au squat. Les représentants de la Mairie du 18ème qui avaient envisagé ce site lors de la réunion de la veille, estiment à la suite de cette visite qu’une telle installation n’est pas souhaitable compte tenu de la proximité avec un quartier d’habitation réputé difficile. Est alors envisagée la possibilité d’installer des ALGECO à proximité du squat évacué le 7 septembre (site «Dubois Nord»).

20 octobre les squatters sont assignés en référé par le Tribunal de Grande Instance de Paris. Trois de leurs représentants accompagnés par CT18 se rendent à l’audience et font état au juge de l’absence de possibilités d’hébergement adaptées, plaide l’état de nécessité qui les a mené de squat en squat jusqu’à des lieux aussi insalubre et dangereux que celui d’aujourd’hui et réclame l’application de la trève hivernale.

25 octobre le délibéré de l’ordonnance en référe est rendu par le tribunal : Les occupants du squat ont 8 jours pour quitter les lieux, ensuite la SNCF et Réseaux Ferrés de France pourront requérir les forces de l’ordre pour faire exécuter la décision de justice.