A la suite des déclarations de Dominique Perben contre le mariage gay, Act Up-Paris, Aides et Sida Info Service lui ont adressé une lettre ouverte le 30 avril dernier.
Monsieur le ministre,
Nos associations de lutte contre le sida se sont toujours battues pour l’égalité des droits et nous nous interrogeons sur la façon dont vous avez récemment cherché à utiliser les associations comme caution pour votre discours contre le mariage homosexuel. Les homosexuel-le-s seraient ils des citoyens de seconde zone à qui l’on accorde des sous droits et pour tout dire quelques os à ronger ? C’est une question élémentaire de dignité. Nous ne transigerons pas avec l’égalité.
Sauf à postuler que l’égalité, principe essentiel de la république, est une coquille vide, les opposants au mariage des couples de même sexe sont en réalité des homophobes qui s’ignorent.
Nos positions sont claires. Elles n’ont pas varié. Lors du débat sur le PaCS, nous l’avions proclamé. Nous revendiquons l’égalité des droits entre les couples de même sexe et les couples hétérosexuels. Ni plus, ni moins.
Si nombre d’entre nous ont activement œuvré pour l’adoption du PaCS, c’est parce qu’il représentait un progrès incontestable. Le débat a non seulement permis de souligner l’injustice de la situation mais il a aussi permis de faire émerger une prise de conscience globale de la société.
Faut il rappeler que la quasi totalité des politiques issu-e-s de votre parti ont combattu le PaCS avec détermination et ce de façon consternante ? L’histoire récente de l’opposition acharnée au PaCS et à toute forme de reconnaissance de droits pour les couples de même sexe nous permet de douter de votre détermination réelle à lutter contre l’homophobie. Et ce n’est pas la pénalisation des injures homophobes ou telle autre mesure annexe qui, bien que nécessaire et souhaitable, constitue une politique globale. En outre, n’y a-t-il pas contradiction à s’opposer au mariage gay et à prôner la lutte contre la discrimination ?
Mais le PaCS n’est pas le mariage et il est loin de réaliser l’égalité des droits. Nous sommes pour le mariage car il constitue une prérogative fondamentale de l’individu et des couples. L’expérience du sida, qui a décimé la communauté homosexuelle, a montré à quel point la non-reconnaissance par le mariage des couples de même sexe pouvait avoir des conséquences dramatiques en matière de dispositions testamentaires, de transfert de bail ou encore d’accès aux soins. Exclure une partie de la population de ce droit du seul fait de l’orientation sexuelle constitue une discrimination caractérisée.
Nous apportons notre soutien actif à Noël Mamère pour son courage et sa détermination.